La mise en relation échec scolaire et immigration par Guéant met l’Insee dans l’embarras

Souvenez-vous fin mai, le ministre de l’intérieur affirmait que «les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec des enfants d’immigrés», s’appuyant sur des données statistiques. L’indignation avait été immédiate du côté de la gauche et des associations. Guy Delcourt, député PS, avait renommé Claude Guéant «monsieur le ministre du Front national». Dominique Sopo, président de SOS racisme avait tenu à préciser que «l’échec scolaire est un problème de classe sociale». Mais Claude Guéant ne s’était pas dédit, affirmant : «Les deux tiers des enfants d’immigrés sortent de l’appareil scolaire sans diplôme».

Réponse de l’Insee

Mardi 21 juin, la plupart des syndicats ont demandé à l’Institut de la statistique de prendre position par rapport à l’interprétation de Claude Guéant des chiffres délivrés par l’Insee. Mais Jean-Philippe Cotis, directeur général de l’institut, n’a pas souhaité répondre à cette demande arguant que «de manière générale, l’Insee n’a pas vocation à s’exprimer sur les interprétations des données qu’il publie». Selon lui, l’Insee «a fait en sorte que tous les journalistes en recherche d’informations sur ce sujet soient systématiquement aiguillés vers la source statistique, ce qui leur a permis d’être en information la plus complète possible et de participer au débat en toute connaissance de cause».

Peu convaincus par cette réponse, les syndicats ont réagi vendredi 24 juin expliquant que «l’utilisation faite par le ministre jette un discrédit sur la qualité des études de l’institut. Nous pensons qu’il y a lieu dans ce cas précis de s’exprimer publiquement sur cette utilisation abusive de statistiques publiques, afin d’affirmer l’indépendance professionnelle de notre institut et de mettre un terme aux soupçons qui pèsent sur lui».

Le rapport

Selon le rapport 2010 du Haut conseil à l’intégration, sur lequel Claude Guéant affirme s’appuyer «les enfants de famille immigrée sortent presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification (11% contre 6% pour les non immigrés)». Sans confirmer les propos du ministre, le rapport ne donne aucune explication. Tandis que l’enquête Pisa (programme international pour le suivi des élèves) de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économique) met en relation échec scolaire et milieu socio-économique souvent défavorisé des familles d’immigrés.

Gypsy Allard