Rachida Dati publie son autobiographie
« Fille de M’Barek et de Fatim-Zohra. Ministre de la Justice », tel est le titre plutôt original qu’a choisi Rachida Dati pour le récit autobiographique qu’elle publie à Paris chez XO éditions. Dès le titre, on comprend qu’elle veut affirmer, en quelques mots, un parcours atypique parmi les élites françaises. Rachida Dati est en effet un cas à part : fille d’immigrés illettrés, elle parvient à force de volonté et d’ambition à la tête d’un des plus importants ministère de la république. Son parcours fulgurant est d’autant plus étonnant qu’elle cumule a priori tous les handicaps pour une carrière politique : femme dans un milieu dominé par les hommes, Maghrébine parmi une classe politique peu ouverte à la diversité, jeune alors que les postes ministériels importants sont souvent réservés aux profils confirmés.
Comment expliquer une telle réussite ? Ses détracteurs mettent en avant un culot à toute épreuve. Ils font souvent le portrait d’une femme pour qui la fin justifie les moyens. Rachida Dati livre au contraire dans son récit une toute autre version sous la forme d’un plaidoyer « pro domo ». Sa volonté farouche de réussite lui aurait été inspirée par plusieurs femmes de sa famille : des figures féminines fortes, comme sa grand-mère maternelle qui dans l’Algérie coloniale, devenue veuve, refuse de se remarier avec un homme de la famille pour travailler et assumer seule ses 6 enfants.
La mère de Rachida Dati, décédée il y a 10 ans, fait aussi partie de ces « maîtresses femmes » qui lui servent d’exemple. Elle lui rend hommage en appelant sa fille Zohra, le prénom de sa mère. Il y a aussi la grande confiance que ses parent on placée en chacun de leurs 12 enfants et qui lui ont donné la force d’aller jusqu’au bout de ses ambitions. Encore enfant, turbulente, elle veut rapidement rejoindre le monde des adultes. Mais son parcours est semé d’embûches. Elle veut suivre des études de sciences politiques, mais il faut composer avec la volonté des parents qui l’imaginent mieux médecin. Sa ténacité finira par l’emporter.
Rachida Dati tient aussi à livrer plusieurs détails plus personnels, tel que ce mariage forcé qu’elle finit par accepter mais qui se transformera en plusieurs années de combat pour divorcer. Elle évoque aussi son rôle de maman, sans céder aux pressions qu’elle subit depuis la naissance de sa fille afin de révéler le nom du père. Les curieux resteront sur leur faim. Avec ce récit, Rachida Dati, magistrate de formation, réussit une belle plaidoirie pour justifier son parcours, livrer une partie de son histoire familiale et de sa vie privée. Elle parvient à humaniser son personnage. Le livre sort à point nommé pour l’auteur aujourd’hui maire du VIIe arrondissement de Paris et député européen, et qui brigue un siège de député dans la capitale, voire un peu plus afin de revenir en première ligne à la faveur de la présidentielle et des législatives annoncées pour l’année prochaine.
Cyril Bonnel