Consommation : qui sont les Marocains ?
Les Marocains sont-ils des consommateurs comme les autres ? C’est à cette question qu’a voulu répondre l’hebdomadaire économique marocain La Vie Eco en publiant ces derniers mois toute une série de sondages réalisés auprès des classes moyennes et supérieures de la société marocaine. Cette radiographie d’une partie de la société marocaine permet d’appréhender les grandes tendances de consommation et les changements profonds de comportement. Au Maroc comme ailleurs, la mondialisation entraîne une homogénéisation des comportements, au moins pour une partie des consommateurs dont les habitudes sont de plus en plus proches des standards internationaux. Ces études d’opinions ont été réalisées par les cabinets Synovate Market Research et Drive Dentsu.
Premier exemple : les courses alimentaires. On apprend ainsi que les ménagères casablancaises font leurs courses majoritairement en supermarchés et hypermarchés (57%) et pour un tiers environ en épicerie. Toutefois, le résultat doit être pondéré par le fait que le sondage n’a été effectué qu’auprès des classes supérieures et moyennes de la région casablancaise. Ces chiffres témoignent en tous les cas que les ménages à fort pouvoir d’achat consomment plus en grandes surfaces où ils trouvent une plus grande variété de produits sur un même lieu. C’est aussi un mode de consommation adapté aux couples à deux revenus qui n’ont que le samedi de libre pour les courses hebdomadaires. Le niveau de revenu est un facteur différenciant important : la fraction la plus riche de l’échantillon interrogé fait ses courses alimentaires en hypermarchés 9 fois sur 10. A l’opposé, 36% des ménagères de la classe moyenne inférieure fréquentent les grandes surfaces. Le petit commerce a certes de beaux jours devant lui, mais devra changer pour s’adapter à des évolutions significatives.
Autre exemple, l’achat de produits électroménagers. Les grandes surfaces spécialisées, encore peu nombreuses, n’ont pas encore acquis une part de marché très importante. Ainsi, quelle ce soit la ville, les catégories socioprofessionnelles supérieures choisissent en priorité le commerce indépendant. C’est le cas notamment à Agadir et à Marrakech avec plus de 80%. Toutefois, dès que l’offre de commerce devient plus variée, les proportions changent. A Casablanca, le chiffre tombe à moins de 60%, et les super et hypermarchés dépassent des 20 et 30%. Pour les meubles, le circuit traditionnel règne en maître (67%) tandis que les grandes surfaces spécialisées doivent se contenter d’un petit 23%. Là aussi, les lignes sont appelées à bouger dès lors que des opérateurs de taille mondiale – type Ikéa – décideront de s’installer dans le pays…
Les sondeurs ont également interrogés les Marocains sur leurs rêves s’ils avaient plus d’argent qu’aujourd’hui. Le sondage, qui englobe toutes les catégories socioprofessionnelles, est révélateurs des attentes des Marocains : 40% dépenseraient cette somme, en priorité pour acheter des vêtements, puis partir en vacances, se soigner, mieux manger et payer une école privée. Et avec 100 000 dollars gagnés au loto, ils seraient plus des deux tiers à lancer une affaire.
Cyril Bonnel