France-Lutte contre l’insécurité, la cour des comptes dénonce
Rendu public jeudi 7 juillet, le rapport de la cour des comptes concernant l’organisation et la gestion des forces de sécurité publique déplaît à la majorité et agite toute la classe politique.
Au rapport
Sur 250 pages, le texte analyse les chiffres de la sécurité tout en émettant des réserves sur la baisse de la délinquance ces neuf dernières années. Le rapport est difficile à entendre pour l’UMP et Nicolas Sarkozy (entré au ministère de l’Intérieur en 2002) qui ont fait de la lutte contre l’insécurité leur fer de lance. La cour des comptes évoque «les statistiques du ministère de l’Intérieur» qui «font apparaître que les résultats obtenus dans la lutte contre la délinquance» sont «contrastés» et parfois même erronés. Ainsi, il «comptabilise seulement les faits portés à la connaissance des services de police ou de gendarmerie sur dépôt d’une plainte ou sur constatation à leur initiative. Les faits enregistrés ne correspondent qu’à une partie de la délinquance».
La délinquance de proximité aurait baissé mais les violences contre les personnes auraient, elles, augmenté de 20 %. La cour déplore également la «mise en œuvre de la ‘culture du résultat’, instituée par l’instruction ministérielle du 24 octobre 2002». Au niveau du budget, le développement de caméras de vidéosurveillance ces trois dernières années avoisine les 330 millions d’euros pour une efficacité qui n’est pas prouvée. De plus, «les modalités d’autorisation de l’installation des systèmes de vidéosurveillance ne sont pas toujours conformes aux textes en vigueur» en termes de liberté individuelle.
Contestations à droite
Le ministre de l’intérieur et 70 députés UMP et Nouveau centre, visés par ce rapport, se sont dit «en colère» contre «un nombre important d’ inexactitudes, d’erreurs d’analyse, d’oublis et d’appréciations manquant parfois d’objectivité» et ont répondu par une lettre de six pages. Le fait que le premier président de la cour des comptes Didier Migaud appartienne au PS participe aux critiques. Pourtant, Claude Guéant s’en défend. «Je ne dis pas que c’est un rapport politique, mais je dis que c’est un rapport qui est contestable, et comme il est contestable, je le conteste». Eric Ciotti, secrétaire national à la sécurité ne mâche pas ses mots, comparant le rapport à «un tract PS plus qu’une étude objective».
Et dénonciations à gauche
Pour Claude Bartolome, président du PS au conseil général de Seine-St-Denis sont «le symbole de l’échec» de la politique sécuritaire mise en place par Nicolas Sarkozy. «Le mépris ou la menace ne sont pas des réponses démocratiques et républicaines» explique Manuel Valls qui va jusqu’à demander la démission de Claude Guéant. Au parti communiste, on trouve le rapport «accablant». Selon le communiqué émis par Europe écologie-les Verts «La cour des comptes vient de démonter le mythe et montrer la faillite de sa politique. (…) Ce n’est pas la lutte contre la délinquance qui s’est améliorée, c’est avant tout la communication du ministère de l’intérieur».
Droite toute
Enfin, Marine Le Pen somme Claude Guéant «de se mettre enfin au travail et de revoir complètement sa copie, au lieu de tenter maladroitement de remettre en cause les conclusions accablantes du rapport de la cour des comptes» et en profite pour plaider une application de la tolérance zéro.
Gypsy Allard