Tunisie- Vive émotion après l’annonce de la probable exécution d’un Tunisien en Irak
Vive émotion en Tunisie après la confirmation en Irak de la condamnation à mort du Tunisien Yosri Trigui, pour le dynamitage en 2006 du mausolée chiite de Samarra. Cette explosion qui avait détruit une grande partie du mausolée où reposaient deux imams respectés de la communauté chiite, avait provoqué une recrudescence de la guerre interconfessionnelle, qui devait faire plusieurs milliers de morts selon la presse irakienne.
C’est le 28 juin dernier qu’a été annoncée à Bagdad la confirmation par le vice-premier ministre, de l’exécution de la sentence de mort par pendaison. Bagdad a récemment connu plusieurs manifestations exigeant du gouvernement l’exécution des 1.320 condamnés à mort, dont le Tunisien Trigui et ceux qui sont présentés comme ses complices.
En Tunisie, une partie de l’opinion est convaincue de l’innocence du jeune Yosri Trigui, présenté par Bagdad comme membre d’Al Qaïda. Quelques sources arabes, proches des mouvances islamistes, accusent les autorités irakiennes ainsi que l’armée américaine d’avoir extorqué ses aveux sous la torture. Les mêmes sources émettent des doutes quant à la régularité du procès.
La version officielle irakienne est que « Abou Ghoudama Al-Tounsi », nom de guerre de Yosri Trigui, a été arrêté en juin 2006, quatre mois après l’attentat, au nord de Bagdad. Selon la sécurité irakienne, ce Tunisien a été « sérieusement blessé (…), capturé, et a avoué avoir pris une part active » au dynamitage, le 22 février 2006, du mausolée des imams Hassan Al-Askari et Ali Al-Hadi, à Samarra.
Le groupe qui selon l’accusation a mené l’attaque était composé de quatre Saoudiens, deux Irakiens et le Tunisien. Selon la même source, le Tunisien est en Irak depuis 2003 et a reconnu, avoir « tué des centaines d’Irakiens dans les provinces de Ninive (Mossoul), Al-Anbar (Ramadi) et Bagdad, sous les ordre de Haitham Al-Badri ».
La marge du gouvernement tunisien est très étroite, parce que l’opinion publique irakienne, dans un pays en proie à l’instabilité, est convaincue de la culpabilité de Yosri Trigui.
Deux hypothèses se présentent :
-soit la Tunisie a demandé des explications à l’Irak et demandé à récupérer Yosri Trigui ; et dans ce cas, elle a eu le tort de ne pas communiquer en interne, en direction de l’opinion publique tunisienne ;
-soit elle ne l’a pas fait et c’est pire.
Soufia Limam