France-Les médecins étrangers souffrent de précarité

Environ 6.700 praticiens de la santé étrangers hors Union européenne exercent actuellement en France. Répondant à un manque de main-d’œuvre, diplômés, compétents, leur avenir est pourtant menacé.

Pas d’équivalence de diplôme

Venus essentiellement d’Asie et du Maghreb, on les retrouve à tous les postes : infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes, dentistes, médecins…. Dans certains services hospitaliers, notamment les urgences, ils sont même parfois majoritaires.

Selon les chiffres de l’ordre des médecins donnés pour l’année 2008, sur la totalité des médecins étrangers exerçant en France : 30 % sont issus du Maghreb et 53 % d’Union européenne. Ils occupent des fonctions identiques aux titulaires mais sans bénéficier du même salaire ni de la même sécurité de l’emploi car ils ne peuvent être titularisés faute de reconnaissance de leur diplôme. Les Padhues, comme on les nomme (praticiens à diplôme hors Union européenne), devront présenter un concours d’équivalence d’ici la fin 2011 afin d’exercer en France selon la loi Bachelot. Le problème est que ce concours, qui se déroulera en octobre, n’offre que 300 places pour environ 4.000 inscrits. En théorie, les recalés se retrouveront soit au chômage soit contraint de regagner leur pays d’origine.

Comment les hôpitaux publics parviendront-ils à pallier le manque d’effectif ? Surtout que cette main-d’œuvre offre un rapport qualité-prix plus qu’intéressant puisque la plupart du temps leur traitement mensuel avoisine les 1250 euros, soit le salaire d’un interne.

Ras-le -bol général

Afin d’interpeller les autorités sur cette situation, les milliers de praticiens étrangers exerçant en France ont manifesté mercredi 15 juin à Paris devant le ministère de la santé. Pour Badreddine Benouaret secrétaire-adjoint du syndicat des praticiens hors diplôme hors Union européenne (SNPadhue), il s’agit d’une situation «injuste parce que les professeurs qui enseignent dans les facultés de médecine au Maghreb ou d’Afrique francophone ont souvent été formés en France. Sans cadre législatif, ceux-ci sont soumis de travailler exclusivement dans les hôpitaux publics et ne peuvent prétendre à un poste dans le privé ni encore moins à exercer en tant que libéral. Or, leurs compétences sont reconnus par leurs pairs». «Si rien n’est fait avant la fin de l’année 2011, ce sont 1000 à 1500 praticiens en poste avant juin 2004 et 3000 praticiens en poste après cette date dans les hôpitaux publics qui vont se retrouver au chômage, sans aucune issue de régularisation».

Auparavant, les médecins avaient la possibilité de régulariser leur situation via l’examen de procédure d’autorisation d’exercice mais celui-ci devient désormais un concours, entraînant ainsi le chômage d’un bon nombre d’entre eux.