Succès de la Marche pour une transition démocratique en Tunisie

C’est désormais une tradition en Tunisie : signe d’une démocratie naissante mais saine et d’un débat démocratique qui se porte plutôt bien, chaque fois que les forces réactionnaires se manifestent avec des tentatives de sabotage de la démocratie et des libertés, les forces démocratiques, progressistes et modernistes, en authentiques garde-fous des acquis des tunisiens,  répondent et entendent faire barrage.

C’est ainsi qu’au saccage d’un cinéma et autres actes de violence intégriste fin juin, a répondu une marche géante contre l’extrémisme religieux à l’appel de nombre de partis politiques et d’ONG. Et c’est ainsi qu’aux violences en marge du sit-in Kasbah 3 aux velléités clairement putschistes est venu répondre tout à l’heure une marche au succès indéniable en faveur d’une transition démocratique et pacifique en Tunisie. Le Courrier de l’atlas y était.

 

Un franc succès

PDP, Ettajdid, Afek Tounes, Al Wifek Al Joumhouri, le PSG, la Voie Du Centre, le Mouvement de la citoyenneté et de la Justice, Ettakatol et le Pôle Démocratique Moderniste : ce sont là la dizaine de partis à l’appel desquels environ 3.000 à 5.000 manifestants ont bravé le soleil de blomb d’un jeudi de juilletdès 13h00, heure du départ d’une marche qui paralysa le cœur du centre-ville de Tunis, en partant de la Place du Passage. Ahmed Nejib Chebbi et Ahmed Brahim faisaient partie des personnalités politiques qu’on reconnaissait en tête du cortège.

Les slogans étaient clairs, limpides et déterminés : « Le peuple arrachera son droit à des élections libres », « Tous attachés à la date intouchable du 23 octobre », « Non à la violence politique », ou encore « Vive la Tunisie libre ! Extrémisme dehors ! », ce qui n’était pas sans rappeler les slogans de la dernière manifestation en date contre les violences salafistes.

Ce qui ressort au final du succès de cette seconde mobilisation populaire d’aujourd’hui, c’est l’image d’une Tunisie faisant le lent mais sûr apprentissage de l’expression démocratique par le biais de manifestations pacifistes, qui pour une fois se terminent sans heurts notables. Le passage devant la mosquée d’Al Fath a certes causé un début de tension, particulièrement palpable lorsque des éléments visiblement islamistes ont insulté quelques passants en leur demandant, incrédules : « Mais qui donc tire la Tunisie vers le passé ?! ».

 

Un coup dur porté à Ennahdha et ses partis satellites

Cette initiative laisse le CPR de Moncef Marzouki et Ennahdha en porte-à-faux de la marche de l’Histoire. En effet, leur décision de retrait de la Haute Instance de Ben Achour est largement perçue dans l’opinion comme motivée par un calcul politicien, en anticipation du vote du texte du décret-loi organisant les partis politiques, adopté hier.

Et ce qui semble être une manœuvre de l’un des membres du bureau exécutif d’Ennahdha ayant cherché hier un effet d’annonce de participation à la marche n’a rien arrangé, puisque le parti n’y était pas présent à la marche comme nous avons pu le constater, ni n’a participé à son organisation selon ce que nous ont affirmé les protagonistes sur place.

En n’étant pas présents à la manifestation historique aujourd’hui, Ennahdha et ses alliés, qui parlent désormais de coalition anti Instance, donnent l’image de partis plus que jamais isolés, impatients d’accéder au pouvoir par le biais d’une coalition alternative basée sur le « consensus », plutôt qu’attendre des élections dont ils fustigent déjà les préparatifs. Autant dire qu’ils portent un coup à leur propre crédibilité.

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Seif Soudani