Percée de la finance islamique en France
Depuis le mois de juin dernier, Chaabi Bank, filiale européenne de la Banque populaire du Maroc, propose à ses clients des services bancaires conformes à l’éthique islamique.
Cette nouvelle offre sur le marché bancaire de détail français devrait séduire, puisque l’on estime le nombre de musulmans pratiquants vivant en France à environ 400 000. Mais dans un contexte de crise économique, elle pourrait séduire davantage de clients en désaccord avec le modèle capitaliste actuel.
Un compte de dépôt compatible charia
Ce nouveau compte propose les mêmes services de n’importe quelle banque «classique» : chéquier, carte bancaire pour des retraits et paiements, gestion de compte par internet… tout en répondant aux exigences de la finance dite islamique. Le compte Chaabi harmonis est contrôlé par un comité de savants musulmans spécialistes dans le domaine.
En septembre prochain, l’offre devrait s’étendre aux entreprises et associations. En décembre, il sera possible de financer des projets immobiliers et d’effectuer des placements sous forme d’assurance vie. Enfin, dans le courant de l’année 2012, verra le lancement de produits de financement immobilier long terme sous la forme d’un contrat de mousharaka dégressive. Dans ce contrat, le client et la banque achètent ensemble un bien immobilier en fonction de leur apport. Ils en deviennent «co-propriétaires» jusqu’à ce que le client rachète sa part. Une autre particularité de ce type de compte réside dans le fait que les fonds versés ne peuvent servir en aucun cas à des projets qui ne seraient pas en conformité avec les principes fondamentaux musulmans. La finance islamique trouverait ainsi son appui un verset du Coran : «Dieu a rendu licite le commerce et illicite l’intérêt».
Quelques techniques et interdictions principales dans la finance islamique
La moudaraba
La banque fournit des capitaux pour financer le projet d’un entrepreneur privé qui, de son côté fournit les capacités de gestion pour ledit projet sur la base d’un partage pré-établi des profits mais la banque n’intervient pas dans sa gestion. En revanche, elle est la seule à subir les pertes, l’entrepreneur, lui, ne perd que la valeur de son travail et reçoit des profits moindres.
L’ijara
C’est l’équivalent du crédit bail ou de la location avec option d’achat. La banque acquiert le bien pour le compte d’un individu et en conserve la propriété, mais lui en cède l’usufruit contre un loyer.
L’intérêt ou riba
On considère l’argent comme un simple moyen d’échange qui ne peut pas servir, à lui seul, à réaliser un profit. La perception et la réception d’intérêts (fixes ou variables) sont strictement interdites.
L’incertitude ou gharar
Les contrats contenant des éléments d’incertitude sont réputés nuls. Tous les termes fondamentaux de celui-ci doivent être clairement définis préalablement à sa signature.
La spéculation ou maisir
Les opérations qui ne reposent que sur de la pure spéculation,donc sans créer de richesse par le travail, sont interdites. C’est pourquoi, le financement de jeux de hasard, casinos, est proscrit.
Les activités contraires à la charia
Les investissements dans des domaines suivants comme les industries de l’armement, du tabac, de l’alcool, de la viande porcine et non hallal, de la pornographie…. sont bien sûr impossibles.
Gypsy Allard