Algérie- surtout ne vous fâchez pas

Ceci semble être le message apaisant des autorités adressé à la population. En prévision des coups de gueule que peuvent avoir les Algériens face aux pénuries de produits alimentaires pendant le ramadan, l’Algérie multiplie les importations.

L’Algérie met les bouchées doubles pour s’assurer la paix sociale en doublant le volume d’importation des produits alimentaires, quelques jours avant ramadan, période traditionnelle de flambée des prix. Sur les marchés, les produits alimentaires ont manifestement augmenté, fustigent les médias locaux.

Le gouvernement, lui, tient par des gestes tangibles à rassurer la population en réaffirmant qu’il n’y aura pas de pénurie, et que les subventions des produits de base sont maintenues. Un équilibre alimentaire précaire puisque assuré par la multiplication des importations.

Les derniers chiffres fournis par le Centre national de l’informatique et des statistiques (Cnis) sont parlants. «Les importations algériennes de produits alimentaires ont enregistré durant le 1er semestre 2011 une progression de plus de 59%, tirée à la hausse essentiellement par les céréales dont les achats ont augmenté de plus de 99% à 2,04 milliards de dollars», ont indiqué, dimanche, les Douanes algériennes dans un communiqué.

La première raison à ces décisions « est d’ordre politique, explique à l’AFP l’économiste Abderrahmane Mebtoul. Face à ce qui se passe dans le monde arabe, le gouvernement algérien veut éviter les tensions sur le pain et les produits alimentaires » assure l’économiste.

Il s’agit donc d’une position adoptée pour faire face à la menaçante contagion des soulèvements enregistrés dans la plupart des pays arabes, mais également pour contrecarrer les perturbations locales qui ont éclaté au mois de janvier dernier et qui continuent un peu à travers le pays.

Le malaise social persiste et des franges de la population ne cessent de réclamer une vie meilleure, se manifestant à travers une série de grèves et des mouvements sociaux. Les Algériens encouragés en cela par ce qui passe dans le proche voisinage notamment, réclament leur droit à une vie meilleure, des augmentations de salaires et des logements décents.

La question qui se pose, c’est pourquoi un pays aussi riche que l’Algérie avec plus de 160 milliards de dollars de réserves de change ne parvient-il pas à assurer son autosuffisance alimentaire, ne serait-ce qu’en produits de base ?

L’économie algérienne est tributaire des exportations en hydrocarbures. Sans le pétrole, l’Algérie pourrait-elle assurer le ravitaillement de sa population en produits de large consommation ? La réponse est non, puisque le pays ne produit pas suffisamment ce qui couvre ses besoins alimentaires en céréales et en blé. Le secteur agricole demeure le parent pauvre du développement économique.

Un échec cuisant de vision et de stratégie qui fragilise davantage le pays, et dont la population est amplement consciente. La manne pétrolière sur laquelle s’appuie l’économie nationale pour assurer son équilibre alimentaire et son équilibre tout court viendra à s’épuiser un jour.

Soufia Limam