France- Pas de vacances pour les immigrés
Alors que Claude Guéant se félicite de l’intensification récentes des reconduites à frontières, un nouveau centre de rétention administrative (CRA) vient d’ouvrir ses portes non loin de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Il peut ainsi envisager sereinement d’atteindre l’objectif des 30 000 expulsions du territoire d’ici la fin de l’année.
Le plus grand centre de France
Le 1er août, en plein cœur de l’été, c’est la date qui a été choisie pour ouvrir le nouveau centre de rétention administrative de Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne. Le plus grand CRA de France, d’une capacité de 240 places, vient remplacer l’ancien dont les installations sont jugées vétustes. «Le CRA déjà existant ferme provisoirement ses portes, ses installations étant devenues vétustes. La trentaine de retenus qui étaient dans l’ancien CRA» a donc été transférée «vers le CRA n°2», expliquait une source policière.
Une architecture carcérale classique
Selon le communiqué de la Cimade, seule association d’aide aux sans-papiers autorisée à intervenir, «la structure répond aux critères de l’architecture carcérale classique : bâtiments en étoile autour d’un centre de contrôle central, portes hachoirs, caméras de surveillance, détecteurs de mouvements, restriction des possibilités de communication entre les personnes retenues et avec les intervenants civils…». Selon la description d’autres associations opposées à l’ouverture de ce centre, le lieu est «organisé en 6 unités de vie de 40 places autour de deux bâtiments administratifs jumeaux, eux-mêmes reliés par une passerelle de commandement. Une double enceinte grillagée et barbelée entoure l’ensemble du camp équipé de caméras et de détecteurs de mouvements».
Déshumanisation
«Aujourd’hui, l’ouverture de ce centre de rétention administrative (…) vient rappeler que l’enfermement est bien devenu un mode banal de gestion, de contrôle et de mise à l’écart des populations migrantes. La Cimade et ses partenaires associatifs n’ont eu cesse de dénoncer l’illégalité et la déshumanisation de ce camp en alertant l’opinion publique et en saisissant le Conseil d’État qui, à ce jour, ne s’est toujours pas prononcé», dénonce la Cimade sur son site.
De nouveaux outils pour gérer l’immigration
De nouveaux décrets entrés en vigueur à la mi-juillet permettent d’asseoir le traitement réservés aux sans-papiers : allongement de 32 à 45 jours du délai de rétention administrative, accroissement du pouvoir du juge administratif, et intervention plus tardive du juge des libertés et de la détention (de 2 à 5 jours). Le ministère de l’intérieur se veut plus pragmatique dans sa gestion de la lutte contre l’immigration illégale explique-t-on place Beauvau. Le problème pour l’association est que «face à un système froid et déshumanisé, il est à craindre que la seule réaction possible pour les personnes retenues soit de retourner la violence contre elles-mêmes».
Gypsy Allard