A Tunis, l’écrasante majorité des cafés et fast foods sont fermés en journée

  Samedi dernier, sur fond d’inquiétudes des patrons de cafés et de restaurants tunisiens ayant décidé de ne pas ouvrir de jour cette année par crainte d’une relative insécurité dans le pays (tout le monde a en tête les menaces des salafistes), Le Courrier de l’Atlas avait mené une enquête sur place qui permettait à la veille du début du ramadan de se faire une idée plus précise sur les intentions de fermetures / ouvertures de quelques établissements aux quatre coins de la capitale.

Pour savoir ce qu’il en est réellement en ces premiers jours du mois saint et en guise de complément d’enquête, nous sommes retournés sur place : Les Berges du Lac, le centre-ville, les plages, etc. Résultat : quelques nouveaux enseignements ainsi que la confirmation d’une tendance des ouvertures diurnes en net recul.

Première destination, les abords du Lac de Tunis, au nord de la capitale, zone huppée et généralement très prisée durant la saison estivale. Comme prévu, la quasi-totalité des cafés et restaurants (dont certains ouverts l’an dernier même mois, même heure) y sont fermés, parfois avec des avis accolés aux portières, tantôt informant la clientèle des nouveaux horaires d’ouverture nocturne, tantôt prétextant des travaux très opportunément effectués en ce mois précis du ramadan.

Deux autres catégories d’établissements sont à retenir : ceux qui sont anormalement nombreux à fermer leurs portes purement et simplement durant la totalité du mois, et ceux qui, comme le Barista’s Café, nouveau haut lieu de rencontre de la blogosphère tunisienne, ont opté pour un compromis : ouverture au public mais seulement pour l’achat de produits à emporter, sans possibilité de consommation à l’intérieur.

Bilan : sur des dizaines de salon de thés et cafés, le Phuket’s était le seul café – restaurant ouvert dans toute la zone. Une ouverture qui se faisait discrète malgré une affluence qui ne laissait aucune chaise libre.

Direction le centre-ville en début d’après-midi, Avenue Habib Bourguiba rien à signaler du côté d’ouvertures hors établissements touristiques, puis retour à l’Etoile du Nord où le propriétaire des lieux, le metteur en scène Noureddine El Ati, tenait à nous recevoir pour nous faire part de quelques précisions ayant trait essentiellement au statut de son établissement. « L’Etoile du Nord est avant tout un théâtre et un foyer théâtral. Oui nous servons des consommations à nos clients, mais cela est compris dans les droits d’entrée qui donnent aussi accès à la bibliothèque ainsi qu’à l’accès internet ». L’artiste souhaitait ainsi montrer que l’ouverture durant la journée a davantage à voir avec la philosophie de l’endroit, davantage un espace culturel qu’un café à proprement parler.

Déjà quelque peu dépeuplées avant le ramadan durant tout le mois de juillet, les plages de Gammarth étaient quant à elles encore moins fréquentées par les locaux, et toujours boudées par les touristes qui s’y font rares. Là, un groupe de jeunes a souhaité se livrer à quelques spéculations : « Certains, de plus en plus nombreux, pensent que la baignade n’est pas conforme aux préceptes religieux de la pratique la plus stricte du jeûne. Pour les autres, il faut les comprendre, le jeûne durant la canicule est très exigeant physiquement et beaucoup de gens pratiquants n’ont pas la tête à venir bronzer, surtout les premiers jours du ramadan, toujours les plus difficiles ».

Quoiqu’il en soit, le paysage était celui d’une capitale désertée par endroits, malgré les embouteillages monstres créés notamment par des pénuries en eau minérale et quelques denrées alimentaires qui se multiplient en raison de la demande supplémentaire créée par le conflit libyen. Un ensemble d’indicateurs qui laissent augurer d’une haute saison touristique en berne.

S.S.