Facebook tire avantage des révolutions arabes
Facebook a bien tiré avantage de ce que l’on appelle le printemps arabe. Le nombre d’utilisateurs arabophones augmente, de sorte que dans cette région, en 2012, l’utilisation de l’arabe dépassera celle de l’anglais, le français arrivant en troisième position.
Qui mieux que Facebook pouvait relayer l’information quand tous les médias étaient sous le contrôle des autorités ? Seul outil qui ait pu échapper à la censure, Facebook dans cette région arabe en proie à de profonds bouleversements a joué et continue de le faire, le rôle de porte-voix des révolutions, en répercutant en temps réel les informations, les rendez-vous des sit-ins et les dates fixées des marches.
Une plateforme largement exploitée par sa facilité d’utilisation et sa gratuité, devenue au grand dam des dirigeants arabes le principal pilier des révolutions qui secouent cette partie du monde. Son utilisation continue d’ailleurs de s’étendre. Dans les pays où des soulèvements ont eu lieu, le taux de croissance d’adhésion à Facebook pendant le printemps arabe a doublé voire triplé par rapport à ce qu’il était en 2010 selon certaines estimations.
L’attrait que développent les communautés arabes et principalement les jeunes à l’adresse du réseau social a commencé bien avant les mouvements contestataires. Selon Spot On PR, plus de 50% des usagers de Facebook ont moins de 25 ans dans 8 pays du monde arabe (Algérie, Egypte, Jordanie, Maroc, Palestine, Tunisie, Yémen).
Quant au lancement de l’interface arabe, il date de quelques années, tout juste en 2009, en l’espace de deux ans, le nombre d’inscrits sur Facebook en langue arabe a atteint selon les estimations les 10 millions. Les arabophones représentent désormais un tiers des membres du réseau social américain, selon une étude réalisée par l’agence de relations publiques Spot On PR.
Ainsi, la croissance du nombre d’utilisateurs de Facebook dans les pays arabes est telle qu’en 2012, l’utilisation de la langue arabe devrait dépasser l’anglais, en devenant de fait la langue la plus prisée sur le réseau social dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, rapportait RFI le 25 juillet 2011.
En détail, si l’on s’attarde un peu sur l’étude des chiffres, seul le Maroc reste un peu à la traîne avec seulement 17% d’utilisateurs arabophones, la majorité préférant user du français dans ce pays largement francophone. L’Algérie par contre connaît une progression spectaculaire, avec 423% de hausse d’utilisateurs qui communiquent en langue arabe. En Egypte, où le nombre de membres du réseau social est à hauteur de 44% des usagers des pays d’Afrique du Nord, 56% des inscrits utilisent l’interface arabe.
La progression annuelle des arabophones est bien supérieure à celle des anglophones dans le monde arabe, respectivement 175% et 45%. Il faut dire que la langue arabe est la langue mère de tous et à la portée de tous, contrairement au français et à l’anglais qui requièrent un niveau minimum d’instruction pas forcément assuré chez les couches populaires.
A l’heure actuelle, et d’un point de vue global, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord totalisent 10% des utilisateurs mondiaux, c’est à dire +51% depuis 2010. Ils étaient moins de 2,6 millions en 2010. 79% des usagers ont moins de 30 ans, et 38% sont des femmes.
Revers de la médaille, Facebook n’a pas apporté que du bonheur. Si l’on prend le cas spécifique de la Tunisie, après le 14 janvier, il est devenu la première plateforme de communication certes, mais également le réceptacle des campagnes de diffamation et des fausses informations. Pire, les administrateurs de certaines pages se considérant comme des hommes politiques et des journalistes confirmés, lancent sans vergogne des campagnes de dénigrement par ci et par là, appellent à des grèves sauvages et des sit-ins dans la volonté mal dissimulée d’acquérir rapidement une position sur la scène médiatico-politique de stature nationale et pourquoi pas internationale, en devenant une vedette en un temps trois clics !
Selon un article paru sur le site Rue 89 ; le Facebook tunisien « qui était une bénédiction pendant la révolution tunisienne, devient une arène pour les coups bas… ».
Aucune rigueur, ni professionnalisme, encore moins de l’éthique, la plateforme tunisienne régie par les lubies et les mégalomanies des uns et des autres est devenue la scène à ciel ouvert de leurs troubles comportementaux. Ainsi, les vidéos de diffamation et des fausses rumeurs alternent avec les activités personnelles et les articles à valeur ajoutée.
Pour conclure, le taux de pénétration de Facebook ne cesse d’augmenter dans le monde arabe. Un réseau social qui est devenu un canon facile de communication et sans doute le plus populaire d’entre tous. Utilisé par le large public pour communiquer avec les proches et les amis à travers les profils personnels, Facebook est devenu également une vitrine incontournable largement exploitée par les communautés spécifiques religieuses, politiques et autres pour y exposer leurs idées et faire leur propagande, tout ça à très bon marché.
Soufia Limam