Pédophilie. Un procureur marocain veut enquêter en France
Une commission rogatoire a été présenté au parquet de Paris par un procureur marocain, faisant suite aux accusations de Luc Ferry vis-à-vis d’un ancien ministre français, portant sur des faits de pédophilie exercée sur des victimes mineures sur le territoire marocain.
Retour sur les faits
C’est une émission sur la chaîne Canal+ qui a déclenché l’affaire en mai dernier. Destinée à mettre la lumière sur les dérapages moraux des politiques français, l’émission reçoit, entre autres invités, l’ancien Ministre de l’Education Luc Ferry. Celui-ci évoque sans le nommer un ancien ministre qui aurait, selon des ouïe-dires, eu des rapports pédophiles au Maroc. Sous l’insistance des journalistes présents, Luc Ferry refuse de donner un nom mais affirme avoir eu des témoignages à ce sujet «des autorités de l’Etat au plus haut niveau, dont un Premier ministre », finit-il par cracher en direct.
L’association « Touche pas à mon enfant », active dans la lutte contre la pédophilie et les abus contre les mineurs, n’attend pas pour déposer plainte au Maroc afin d’ouvrir une enquête à la lumière des propos de Luc Ferry.
Dès le début de l’enquête parallèle ouverte par la police judiciaire française, des témoins spontanés se présentent pour attester avoir été bloqués dans un commissariat à Marrakech dans le cadre d’une enquête sur crime de pédophilie commis sur des mineurs dans un grand hôtel, à la même période citée par Luc Ferry.
L’affaire est depuis noyée dans le scandale de l’affaire DSK, rejetée même par les uns en raison du peu de crédibilité accordée au Ministre accusateur.
Entre temps l’enquête française suit son cours, en silence…
Parallèlement, au Maroc
Le 4 juin dernier, l’association «Touche pas à mon enfant» annonce avoir déposé plainte contre X en France au nom de l’association. L’avocat français de l’association affirme que plusieurs employés qui exerçaient à l’ambassade de France à Rabat au cours de la période supposée ont été interrogés.
Quelques semaines après le Ministre de la Justice marocain, Mohamed Naciri, ordonne l’ouverture d’une enquête étayant les propos de l’ancien ministre français. Suite à quoi, le procureur général, Abdelillah Mestari, dépose sa demande d’une commission rogatoire auprès du parquet de Paris et en informe l’association. Ses interrogations concernent surtout l’implication de ressortissants marocains dans l’affaire, affirme à l’AFP Mme Najat Anwari, présidente de « Touche pas à mon enfant ».
Ceci devrait mettre fin à l’omerta faite par les autorités marocaine et française sur cette affaire impliquant de hauts responsables de l’Etat français. L’impunité des auteurs de crimes sexuels étant courante, alors que les jeunes victimes sont souvent sujettes au jugement, la lumière sur cette affaire délicate pourrait en finir avec l’étiquette de destination arabe de tourisme sexuel collée, depuis si longtemps, au Maroc.
Fedwa Misk