Tunisie – Point presse du gouvernement provisoire du 11 août 2011 : principaux enseignements
Le Courrier de l’Atlas était ce matin au 22ème point presse du gouvernement de transition. Un point presse d’une importance toute particulière, devant des médias au grand complet, et sur fond de grogne sociale qui se généralise désormais à des secteurs aussi sensibles que le transport et la Défense nationale.
Un ministère des transports sur la défensive
C’est Mohamed Chamli, le représentant du ministère des Transports, qui ouvrit le bal des intervenants. Plutôt conciliant, il a souligné l’attachement de son ministère de tutelle au pluralisme syndical et au dialogue avec les syndicats après depuis la révolution. En revanche, il a dénoncé la multiplication des grèves à un moment de fragilité économique pour le pays et « des demandes salariales surréalistes » pour un secteur « déjà privilégié ».
Interpellé par une journaliste sur la véracité des déclarations dans les médias du ministre à ce sujet (salaires entre 700 et 1260 dinars tunisiens en moyenne pour les conducteurs de métro en grève), il a confirmé que les chiffres avancés étaient corrects et qu’il s’agissait d’une moyenne prenant en compte diverses primes et heures supplémentaires.
Selon un autre journaliste, ces dernières ne seraient rémunérées que 600 millimes par heure supplémentaire. D’autres ont évoqué le témoignage de conducteurs brandissant des fiches de paye indiquant entre 200 et 500 DT. Ce à quoi le porte-parole du ministère a répondu que cela ne prouvait rien puisque des employés sont souvent en situation de « dette » en termes d’heures de travail non assurées.
Mokhtar Sadek, directeur de la Société Nationale des Chemins de fer Tunisiens, a quant à lui souhaité clarifier quelques points au sujet de la multiplication récente des accidents impliquant des trains. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces accidents sont en retrait par rapport à la même période en 2010 (900 en tout).
Interpellé sur le fait que les nouveaux projets de barrières équipées de caméras de surveillance pouvant porter atteinte aux libertés individuelles, il a nié que ces caméras pouvaient être utilisées à des fins répressives ou des fins autres que celles de l’établissement de simples statistiques.
A propos de statistiques, quelque chiffres avancés par le directeur de la SNCFT sont édifiants s’agissant des effets des différents sit-ins et mouvements sociaux combinés à l’insécurité. Ainsi, la SNCFT a enregistré des pertes record de -40% en 2011 par rapport à l’exercice du premier semestre 2010. Concernant les autres déficits plus détaillés liés aux annulations diverses, le transport du phosphate a enregistré -63% de baisse, celui des marchandises -41%, celui du transport long courrier -34%.
Malgré cela, la société envisage le recrutement de 480 nouveaux employés, soit 10% d’emplois en plus des 4800 déjà existants.
Une situation sécuritaire aux frontières libyennes en nette amélioration
Le colonel major Mokhtar Ben Nasr représentait enfin le ministère de la Défense. Nous l’avons interrogé à propos des rumeurs d’entrée d’armes de guerre sur le territoire tunisien. Se contentant d’affirmer que les autorités militaires restaient vigilantes et qu’elles disposaient des équipements nécessaires pour détecter toute intrusion d’armes lors des contrôles frontaliers, il a tout de même reconnu que de petites quantités de munitions étaient régulièrement saisies depuis l’éclatement du conflit libyen.
L’officier a ensuite dressé un bilan en nette amélioration aux frontières libyennes, avec une stabilisation à 2000 nouveaux réfugiés libyens et africains par jour, après des pics à 6000 durant les derniers mois. Cependant la seule journée d’hier mercredi a enregistrée l’arrivée de 5300 nouveaux réfugiés sur le sol tunisien.
Revenant sur les grèves sans précédent ayant touché son ministère au début du mois, il a insisté sur le fait qu’elles concernaient des civils et non des militaires en uniforme, rappelant que les premiers dépendaient de la fonction publique, là où les seconds sont soumis à une loi militaire plus stricte.
S.S.