Espagne- Arrestation de faux policiers agressant les MRE
Un réseau de faux policiers exerçant sur les routes d’Espagne vient d’être démantelé. Les « Policias full » barraient la route à bon nombre de MRE de retour au Maroc ou à leur pays d’accueil et les dépouillaient de leurs biens, en feignant un contrôle de routine.
Les MRE qui pratiquent les autoroutes espagnoles ont intégré depuis longtemps quelques règles sécuritaires de base :
-on fait le maximum de route en journée
-on ne dort pas dehors, quitte à ne pas fermer l’œil ou à alterner les conducteurs
-on ne s’arrête pas lorsqu’un étranger demande à être pris en stop.
Cela dit, quand l’étranger qui se présente montre une plaque de police, de la brigade anti-drogue de surcroît, il va sans dire que la prudence n’est plus de mise.
Les MRE, une bonne prise
Ce n’est pas pour rien que des groupes de criminels s’organisent pour accompagner le transit, par l’Espagne, des estivants maghrébins. Une voiture MRE emporte en général une bonne partie du patrimoine familial. Argent, bijoux, électroménager. Le retour au pays est un événement coûteux !
Les agressions subies par les MRE remplissent les registres de la garde civile espagnole depuis des années. Non que cette dernière n’accorde pas d’importance au phénomène, mais les performances des gangs spécialisés se surpassent d’ingéniosité. Quoi de plus simple que de se faire passer pour une patrouille de police en ronde de sécurité ?
C’est ainsi, en tout cas, que procédait un gang iranien constitué de vingt individus, d’âge variant de 20 à 50 ans. S’attaquant de préférence à des familles non résidentes en Espagne, avec peu d’adultes et accompagnées d’enfants ou de personnes âgées, le gang assurait ses arrières contre toute tentative de résistance.
Munis de fausses armes, de torches électriques et de fausses plaques de police, les brigands, organisés en patrouille, barraient la route aux automobilistes choisis et procédaient à une fouille générale du véhicule en le dépouillant de tout ce qu’il y a d’intéressant. Ils ne s’en sortaient pas avec moins de 1.000 euros par opération.
Opération Persépolis
Dès mars 2011, les plaintes déposées auprès de la garde civile espagnole, relatant ce même mode opératoire, se sont multipliées sur les autoroutes A-1, A-4, M-30 et M-40. Cette dernière s’est lancée à la chasse aux faux policiers aussitôt dans le cadre de l’opération Persépolis.
En fin de juillet dernier, 20 délinquants, tous d’origine iranienne, se sont fait arrêter à Jaén, à Guadalajara, à Azuqueca de Henares et à Villanueva de la Torre. Les premières personnes arrêtées, dans le cadre de cette affaire, ont été prises au cours d’une de leurs agressions.
A leur actif, quelques centaines d’opérations leur valant au moins 50 crimes et délits, de vol avec violence et intimidation, d’usurpation de fonctions publiques, de falsification de documents et d’appartenance à une organisation criminelle.
19 véhicules utilisés dans les opérations de la policias full ont été perquisitionnés, ainsi que des sommes de 3.120 dollars américains, de 630 livres sterling et de 9.466 euros ont été saisies. La plupart des accusés portaient de fausses pièces d’identité, principalement de nationalité pakistanaise, pour esquiver les poursuites. Le brouillage de piste était leur spécialité tant ils veillaient à ne pas garder de téléphones portables sur eux et qu’ils utilisaient plusieurs planques.
Actuellement, le gang est derrière les barreaux, mais les voyageurs ne devraient dormir que d’un œil, en espérant qu’il se passera longtemps avant qu’une autre bande ne prenne la relève.
Fedwa Misk