Le chanteur tunisien Bendir Man interdit de séjour en Algérie

Bayrem Ben Kilani, plus connu sous le pseudo maintenant populaire de Bendir Man est un jeune chanteur tunisien engagé, il est actif depuis 2009. C’est l’un des artistes qui ont participé à la révolution tunisienne, il a déjà un répertoire fourni sur le sujet.

Cette saison estivale, la première après la révolution, Bendir Man est de toutes les sauces et sur toutes les scènes. Il a donné un concert à l’Acropolium de Carthage à Tunis, en duo avec le chanteur algérien Baaziz. Egalement, il a sillonné le pays et s’est produit dans la plupart des grandes villes tunisiennes, à Monastir, Siliana, Sousse, Mahdia et Bizerte en drainant à chaque fois la foule des grands soirs.

A l’étranger, il a donné cette année plusieurs concerts à Paris en février dernier, et au Canada au mois de mai : il est monté sur scène à Montréal, à Québec et à Ottawa. Des galas suivis notamment par la communauté tunisienne, essentiellement les étudiants, et considérés comme de véritables succès. Les vidéos de son passage au Canada ont été largement relayées sur le net.

Le jeune chanteur s’est taillé une réputation solide d’enquiquineur virulent. Celui qui critique frontalement tout le monde. Nul n’est à l’abri de ses piques à la fois drôles et acerbes. Des hommes politiques à ceux des médias en passant par les partis politiques, tout le monde a droit de cité dans ses chansons : De Larbi Nasra propriétaire de Hannibal tv (chaîne privée tunisienne), au parti islamiste d’Ennahda, en passant par le premier ministre tunisien…

A travers ce chemin glorieux et en enchaînant les succès, un bémol vient assombrir le paysage. Bendir Man vient d’essuyer un revers tout juste hier en se faisant ni plus ni moins interdir de séjour en Algérie. Programmé pour deux concerts, jeudi et vendredi derniers, Bendir Man accompagné de Baaziz, son compagnon de scène et hôte, a été invité à arrêter le deuxième et dernier spectacle.

Contacté par Le Courrier de l’Atlas pour nous fournir des précisions sur le sujet, il précise qu’il a été invité par Baaziz et les organisateurs algériens en tant que guest star, qu’il a chanté pour l’occasion des chansons de son répertoire, lesquelles visiblement n’ont pas plu aux autorités.

En effet selon le site internet Webdo, lors du premier concert, Bendir Man a chanté « 99% chabaa dimokratia » (99% plein de démocratie), une chanson qui épingle le déroulement des élections. Les spectateurs qui battaient la mesure ont deMandé à  Bendir Man d’être plus explicite et de dire qui il vise, lequel n’a pas hésité à lancer à la foule « les dirigeants arabes, comme celui que nous avions en Tunisie, et que vous avez présentement ». Il ne fallait sans doute pas plus pour provoquer l’ire des dirigeants algériens.

Ainsi alertées, les autorités algériennes ont deMandé d’arrêter net le deuxième concert. Face au refus des organisateurs, la sono est opportunément tombée en panne. Le chanteur interrogé sur ce point précis nous répond que « seul Dieu le sait mais la sono a bel et bien explosé en plein concert».

Hier soir et avant de quitter l’Algérie, le chanteur a reçu à l’aéroport un papier lui signifiant son interdiction de séjour sur le sol algérien. Les policiers algériens selon les propos même de Bendir Man l’ont « accusé gentiment » d’exporter la révolution tunisienne. A quoi, l’artiste a répondu « la révolution n’est pas de l’huile d’olive ou du citron ».

Bendir Man dit ne pas comprendre pas cette réaction pas et s’en défend en précisant qu’à l’étranger, il fait attention à ce qu’il dit et ne se mêle pas des affaires des autres : « au contraire mes critiques ne sont pas frontales mais subtiles », précise- t- il encore.

Retrouvant son pays, Bendir Man retrouve aussi son public, « tous âges et catégories sociales confondus », il nous annonce qu’il se produira prochainement à Sfax (ville côtière) le 21 du mois et le 22 à la Marsa (banlieue nord huppée de Tunis).

Quant au succès qui accompagne chacune de ses sorties, Bendir Man répond modestement que son public a perçu sa sincérité, du fait qu’il est non pas proche du peuple mais qu’il en fait partie; « j’habite un quartier populaire, je prends les transports publics, là maintenant je suis à la poste, je suis soucieux de vivre les problèmes du peuple au quotidien ».

Le jeune chanteur nous apprend dans la foulée qu’il prépare prochainement la sortie de son album.

Soufia Limam