Tunisie – Clôture des inscriptions aux listes électorales : bilan de l’ISIE et quelques enseignement


L’heure était aux bilans hier à la conférence de presse convoquée par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections. Avec quasiment 3,9 millions de citoyens tunisiens inscrits (3.882.727), soit 55% des 7,5 électeurs potentiels, l’ISIE peut se prévaloir d’un taux d’inscription « satisfaisant » selon son président.

Kamel Jandoubi s’évertuait à rappeler qu’il s’agit là de la toute première expérience en Tunisie d’élections libres et transparentes, et qu’il est d’autant plus ardu de mobiliser les Tunisiens que beaucoup se désintéressent du processus électoral par désabusement par rapport à la politique en général, après tant d’années de dictature. La brièveté de l’opération (5 semaines) ainsi que le climat d’insécurité sont aussi à prendre en compte.

Malgré un pourcentage en demi-teinte pour les plus pessimistes, avoir passé le cap symbolique de la moitié des électeurs en âge de voter confèrera, quoi qu’on dise, infiniment plus de crédibilité au processus que les petits 25% à peine d’inscrits avant la prolongation des délais. Ainsi pas moins de 1,5 million se sont inscrits durant la période de prolongation des délais, du 2 au 14 août, soit 41% des inscrits.

Le palmarès des plus grand nombres d’inscrits se trouvent respectivement à Ben Arous (234.804), Sousse (227.771), zone Tunis 2 (225.734) et zone Sfax 2 (209.451).

L’opération d’inscription exceptionnelle a démarré dès lundi et se poursuivra jusqu’au 12 octobre prochain, selon un communiqué publié sur le site de l’ISIE. L’inscription exceptionnelle concerne les militaires et les agents des forces de l’ordre intérieur qui ne sont plus en exercice. Sont concernés également par cette mesure les jeunes ayant atteint l’âge de voter entre le 15 août et le 12 octobre prochain, toute personne ayant recouvert ses droits ainsi que les Tunisiens résidant à l’étranger se trouvant en Tunisie le jour du vote.

Quant aux listes électorales, elles seront affichées et publiées du 20 au 26 août dans les sections régionales de l’Instance, les municipalités, les délégations et les « imadas », ainsi que dans les représentations diplomatiques et consulaires pour les tunisiens à l’étranger.

Jandoubi a incité hier soir dans les médias chaque Tunisien à vérifier la présence de son nom sur les listes, sachant que chaque citoyen peut former un pourvoi, dans les délais requis, auprès des sections régionales de l’ISIE territorialement compétentes, pour inscrire ou radier un nom (dans le cas d’un nom d’un militaire par exemple qui n’est pas censé y figurer).

Examinés plus en détail, les statistiques de l’ISIE recèlent quelques enseignements intéressants : après avoir plafonné à seulement 20% des inscrits,  le pourcentage de femmes inscrites a finalement atteint 45%, soit 1.756.980. Plus alarmant pour une population jeune comme celle de la Tunisie, le nombre de jeunes âgés de 18 à 30 ans ne représentait toujours que 26% des inscrits.

Après une révolution que l’on dit souvent avoir été faite par les jeunes, il est inquiétant de voir que le fait politique et citoyen peine toujours autant à fédérer cette jeune génération. Un phénomène de démission probablement à mettre en rapport avec un contexte plus global (mouvement des Indignés dans toute l’Europe notamment) de jeunes actifs et inactifs qui ne se reconnaissent plus dans leurs classes dirigeantes.

S.S