Maroc- Stop au harcèlement sexuel !

La révolution des femmes se prépare contre le harcèlement sexuel au Maroc. On ne rigole plus ! Depuis les remarques anodines, jusqu’au geste violents, en passant par les mots gras, abjects ou rabaissants, le balai féministe compte épousseter ce phénomène pesant omniprésent dans nos rues.

Pour une femme, marcher dans la rue au Maroc peut s’avérer être une entreprise risquée. Le parcours de la combattante commence au pas de sa porte. Dès qu’elle se détache du territoire sécurisé de sa rue, elle est livrée au regard perçant de l’un, au commentaire de l’autre. Elle est sujette à l’examen, à l’évaluation, à la critique, au compliment certes, mais très souvent converti en insulte par une pirouette dont seuls nos dragueurs invétérés connaissent le secret.

Une société conciliante… envers le harceleur !

Marocaines ou étrangères, les femmes doivent se plier à l’exigence de la rue. Accepter le deal revient à reconnaître les droits de la virilité dans la société marocaine. On ne se gêne pas d’invoquer quelques sourates du livre sacré pour étayer la légitimité de ce « tutorat » sur la femme, son aspect, son agissement en société, ses libertés…

Plus conciliants et plus tolérants vis-à-vis de la femme, cette source à problèmes, d’autres pensent que le respect du code que la société lui impose est le meilleur moyen pour elle de se protéger. Parmi ceux là, des femmes qui cautionnent même certains agissements machistes et discriminatoires, soutenant les hommes qui « donnent des leçons » aux femmes.

Au cours du mois du Ramadan, un mois connu des services de police et de l’hôpital public pour être particulièrement tumultueux, beaucoup d’hommes s’improvisent prêcheurs. Dans un but de drague ou de critique acerbe, la religion sert à certains à faire la chasse à la femme plutôt qu’à se rapprocher de Dieu. Un grand nombre d’agressions est noté, un peu plus chaque année.

Phénomène purement marocain ? Absolument pas. Il colle à toutes les sociétés connues pour leur manquement notable dans les droits de l’Homme. En Egypte, où les statistiques de viol défraient la chronique, le phénomène a été repris dans une création cinématographique. Le Film 678 a été à l’origine d’un tollé lorsqu’il a démontré que la soumission de la femme aux exigences de la rue ne la sauvait pas du harcèlement.

La liberté dans l’espace public, ça s’arrache

Dans la résignation médiatique ambiante, un réalisateur marocain s’apprête à aborder le sujet. Mohamed Ahed Bensouda annonce le projet dans une interview à Libération. Selon lui, l’absence d’un arsenal juridique puissant est à l’origine du problème.

Il est vrai que l’impunité de ces actes de persécution, pour le moins morale, est due à l’absence de législation protégeant les victimes. Même si l’ancienne Constitution ne garantissait pas moins l’égalité entre l’homme et la femme dans les droits à la citoyenneté et au respect, la nouvelle Constitution doit se traduire par des actions fortes et plus significatives dans ce domaine.

Et comme rien ne vient de lui-même et que derrière tout changement, il y a une requête, une vague de mouvements contestataires se lève pour revendiquer la liberté de circulation dans les espaces publics pour la femme.

N’étant ni sous-homme, ni citoyen de rang inférieur, toute femme a selon la loi le droit de circuler en toute sécurité sans rendre compte de son itinéraire ou son accoutrement, tant qu’il n’y a pas atteinte à la pudeur. «Nous invitons les politiques à donner le point du vue du gouvernement et de nous éclairer sur la stratégie pour combattre ce fléau », demande Amine El Ayoubi l’administrateur du groupe « Tous pour préserver les droits et la dignité de la femme marocaine ».

En attendant que les politiques se remuent, un autre groupe marche. Son nom, « Slut Walk morocco », choque moins lorsqu’on apprend que la « marche des salopes » est un acte contestataire tout ce qu’il y a de plus sérieux qui est né au Canada, suite aux propos d’un policier qui responsabilisait de jeunes étudiantes dans une affaire de viol sur un campus.

Des femmes mais aussi des hommes indignés sont enthousiasmes pour y participer et provoquer un sursaut législatif. Aucune date n’est encore précisée mais ça ne saura tarder vu l’enthousiasme des adhérents. C’est peut être bientôt au tour des harceleurs d’être intimidés !

Fedwa Misk