Maroc – Libye : un pont rétabli
Mardi dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri s’est déplacé à Benghazi pour remettre personnellement un message royal à la direction du Conseil national de transition de la Libye. La lettre du roi Mohamed VI affirmait son plein soutien à la Libye, à ce tournant historique de son histoire.
La visite Taib Fassi Fihri à la Libye survient quelques heures après la reconnaissance officielle du Maroc du nouveau régime libyen comme seul représentant légitime du peuple libyen, et ce avant la reconnaissance de la Ligue des États arabes.
Une reconnaissance tardive mais définitive
Dans un communiqué lu par Taieb Fassi Fihri lundi dernier, le Maroc reconnaissait l’Assemblée nationale de transition comme « représentant légitime et unique du peuple libyen aspirant à un avenir meilleur fondé sur l’équité, l’ouverture, la justice, la démocratie et l’Etat de droit».
Taj Din al-Husseini, professeur des relations internationales, a déclaré que cette reconnaissance officielle par le Maroc du Conseil national survenait plutôt tardivement, en tenant compte de la présence permanente du Maroc dans les réunions internationales de suivi de la situation en Libye, ainsi que lors d’une réunion du Programme de Doha capitale du Qatar.
La visite de M. Fassi Fahri à Benghazi avait donc pour but de renforcer la reconnaissance officielle du Conseil de transition et de donner des signes forts de la volonté du Maroc de s’impliquer dans la construction de la Libye, en parfaite coopération avec le Conseil.
Moins boudeur, Al-Husseini a affirmé que l’effondrement du régime de Kadhafi serait le garant du succès du processus de construction du Maghreb et que la volonté du peuple libyen approuve la fondation de l’Union du Maghreb arabe. Aspiration partagée par la Tunisie et le Maroc et qui s’imposera inévitablement au voisin algérien.
De la diplomatie et de l’humanitaire pour se réconcilier
Afin d’asseoir cette coalition qu’il veut solide, le Maroc a tenu à rappeler son attachement à la réalisation des aspirations légitimes exprimées par le peuple libyen, à savoir une nouvelle constitution et des élections démocratiques transparents, ainsi que des institutions indépendantes. Souhaits partagés par l’Assemblée nationale de transition qui s’est engagée à appliquer rigoureusement les dispositions du Conseil de sécurité de 1970, tout particulièrement le système de sanctions et d’embargo sur les armes, et à respecter l’intégrité territoriale marocaine.
Un nouveau consul marocain a été nominé à Benghazi afin d’approfondir la concertation et la coordination avec l’Assemblée nationale de transition de la Libye.
En attendant l’amélioration de la situation politique, le Maroc poursuit son aide humanitaire aux réfugiés Libyens qui ont fui les confrontations vers la frontière libyenne de la Tunisie. Un hôpital de campagne a donc été soigneusement équipé pour dispenser des soins essentiels à plus de 100 personnes par jour.