Le Préfet de Police de Casablanca démis de ses fonctions

Mustapha Mouzouni, nommé en fanfare à la tête de la sûreté nationale du grand Casablanca en juin 2007, a été écarté et sans délai, la semaine dernière, à la suite « fautes professionnelles graves », selon différentes sources. Il a été envoyé illico à la ville de Zagora où un nouveau poste l’attend. La nouvelle a suscité pas mal d’interrogations.

Triste sort que celui d’un homme puissant qui se voit écarté d’une haute mission. Mustapha Mouzouni ne voyait pas ainsi la consécration de sa carrière professionnelle au sein de la sûreté nationale… et internationale. Les site d’information arabophones goud.ma et hibapress.ma ont dévoilé ce qui serait à l’origine de cet exil.

Les 10 Dirhams de trop

Selon les sources des sites en question, un marocain résidant en Italie, A. Salama, profite d’une visite royale au quartier de Hay Mohammadi à Casa, le 16 août dernier, pour faire parvenir au roi une enveloppe contenant plusieurs cartes d’identité nationale, dont la sienne et celle de son frère. C’est une démarche courante au cours des déplacements (nombreux) du roi qui est connu pour sa sensibilité sociale et son intérêt pour la détresse de ses concitoyens.

L’ingéniosité de M. Salama lui dicte de lester l’enveloppe d’une pièce de 10 DH pour donner plus de poids à sa lettre et éviter que le vent ne l’emporte.

La missive est en effet rapide, mais son impact est douloureux. Elle atteint selon les sources,  le visage du roi Mohamed VI, tout près de l’œil, ou bien son épaule. Malgré l’irritation apparente du souverain et l’agitation des forces de l’ordre, Sa Majesté a continué de saluer les citoyens venus à sa rencontre.

Suite à cet incident, la police a procédé à l’arrestation et à l’interrogatoire des personnes dont les CIN accompagnaient le projectile, pendant 8 heures d’affilée.

La rigueur qui a caractérisé cette opération est expliquée par la poursuite qu’a subie le roi, habitué à conduire seul sa voiture et à s’arrêter aux feux rouges,  le long du mois sacré par des citoyens en quête de dons. S’il est habituel que des citoyens cherchent à rencontrer le roi, en guettant le parcours de sa voiture, certaines poursuites n’inspiraient visiblement pas confiance.

Plusieurs organes de presse ont relayé l’info de la poursuite du souverain par de jeunes motards, il y a dix jours, lors de l’une de ses balades sur la corniche de Casablanca, juste avant le ftour.

L’incident de Hay Mohammadi est venu dénoncer des lacunes dans les services de sécurité nationale. S’il a été établi que la bourde de A. Salama n’est qu’un accident malencontreux, le « projectile » n’a pu être intercepté, exposant au danger la sécurité du souverain.

La Direction générale de la sûreté nationale a estimé que la responsabilité incombait au Préfet de Police du grand Casablanca, Mustapha Mouzouni, qui a dû rejoindre son nouveau poste à Zagora, dans le Sud Marocain : une ville à 35.000 habitants…

Fin de carrière ou nuage éphémère ?

Les mutations à visée disciplinaire n’étonnent personne, mais le cas de Mustapha Mouzouni interpelle. Titulaire d’un DES en droit, Directeur central de la Police Judiciaire pendant des années et spécialiste en matière de lutte contre la criminalité, chef du bureau d’Interpol à Rabat et vice-président de la même organisation pour l’Afrique, le Préfet était même pressenti pour diriger en 2009 le bureau d’Interpol à Lyon, en France. La carrière de M. Mouzouni finira-t-elle ainsi ?

Certains se désolent de perdre « cet homme de terrain aussi efficace qu’à l’écoute des besoins de la population », peut-on lire sur sa page Facebook ! Le fan club de Mustapha Mouzouni est important et attend patiemment que l’ire royale se soit apaisée pour quémander le retour de leur idole.

Fedwa Misk