Les sept hommes qui dirigeront la transition en Libye

La conférence internationale sur la Libye réunie hier à Paris a réaffirmé d’une manière qui était attendue et programmée, un soutien international, financier et politique au CNT (Conseil national de transition libyen). Le plus dur est à faire maintenant, c’est-à-dire construire un pays, une démocratie.

Le CNT prévoit l’élection d’une assemblée constituante dans huit mois, suivie, un an après, d’élections législatives et présidentielles. Vingt mois de transition commencent donc, dans un pays où tout est à faire, car il n’y avait pas d’institutions mais une démocratie dite « directe » qui bannissait toutes les règles.

Au cours des derniers jours, des exactions, représailles, actes de vengeance, violences et lynchages ont été signalés contre des touraregs et des ressortissants de l’Afrique sub saharienne, accusés d’avoir été des mercenaires de Kaddafi.

Ban Ki Moon s’était alarmé la semaine dernière des armes en circulation, en quantités « jamais vues auparavant », dont beaucoup d’armes lourdes d’ailleurs. Les tribus, les factions et les groupes armés ont promis de les restituer dès la fin des hostilités et la pacification du pays, mais des doutes persistent.

Le pays devra être dirigé pendant les huit prochains mois, et amené aux élections, par un CNT qui n’a aucune légitimité populaire ; sa seule légitimité vient de la reconnaissance internationale et de la lutte armée contre Kaddafi. Des moments difficiles sont donc à prévoir, car il y aura tous les jours des conflits d’intérêt entre protagonistes.

Le CNT est un organe en partie secret. Ce que l’on sait avec exactitude, c’est le nom des sept dirigeants qui y joueront un rôle de premier plan :

-Mostafa Abdeljalil : président du CNT, magistrat, ex-ministre de la Justice de Kaddafi, considéré comme un homme intègre.

-Mohamed Jibril : Premier ministre du CNT, c’est un libéral à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire un défenseur du libéralisme politique et du libéralisme économique. Il a fait des études aux USA et  il est considéré comme le plus compétent du groupe pour gérer les affaires courantes.

-Abdelhakim Belhaj : c’est le commandant militaire qui a pris Tripoli et c’est celui qui suscite le plus d’interrogations. C’est un ancien dirigeant du GICL (Groupe combattant islamique libyen), un ancien jihadiste d’Afghanistan et un ancien d’Al-Qaida. Il avait annoncé son repentir et l’abandon de la lutte armée. On pense qu’il peut mobiliser 500 à 1.000 jihadistes aguerris en Libye si jamais il voulait prendre le maquis. Quel rôle acceptera-t-il à l’avenir ? A-t-il des relations avec Aqmi ?

-Abdelhafidh Ghoga : vice-président et porte-parole du CNT, il avait été auparavant un défenseur des droits de l’Homme.

-Omar Hariri, président de la commission militaire du CNT, ex-compagnon d’armes de Kaddafi depuis le coup d’Etat de 1969.

-Mehdi Harrati, qui a la double nationalité irlandaise et libyenne, connu pour ses sympathies islamistes. A la tête de son bataillon, il avait pris une part très active dans la prise de Tripoli.

-Khlifa Belgacem Haftar, ex-officier de l’armée de Kaddafi, qui avait participé à différentes opérations militaires au Tchad.

Soufia Limam