France- Collaboration de la RATP à l’évacuation d’un camp de Roms

Mercredi 31 août, un campement de Roms établi à Saint Denis a été évacué puis «invité» à monter dans des rames de tramway mises à disposition par la RATP. Des CRS munis de gaz lacrymogènes détruisent les baraques du campement où vivent 150 Roumains et Bulgares suite à l’ordonnance d’expulsion émise le 18 juillet par le tribunal de grande instance de Bobigny.

Un tramway nommé expulsion

Un an après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et la circulaire du ministère de l’intérieur du 5 août 2010 qui s’en est suivie, sur l’évacuation des camps illicites, ces opérations sont devenues courantes. On pouvait y lire en introduction : «le président de la république a fixé des objectifs précis, le 28 juillet dernier (soit en 2010), pour l’évacuation des campement illicites : 300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici 3 mois, en priorité ceux des Roms».

Mais cette fois-ci, la nouveauté réside dans la collaboration de la RATP à cette opération de police. A raison de cinq ou dix personnes par rame, les policiers font monter au milieu des autres passagers les familles avec vélos, poussettes et caddies dans le tramway le plus proche du campement. La RATP constatant «que l’évacuation des Roms semblait se dérouler avec difficulté et gêner les voyageurs dans les rames» décide finalement en commun accord avec les forces de l’ordre d’affrêter une rame spécialement pour les Roms expulsés.

Policiers, CRS et personnels de la RATP accompagnent donc les familles à l’intérieur du wagon tandis que neuf cars de CRS suivent le tramway jusqu’à Noisy-le-Sec où ils doivent emprunter le RER direction Chelle ou Tournan en Seine et Marne.

Dérapage

Pour Philippe Touzet, délégué cental du syndicat Sud-RATP, «c’est clairement un dérapage. On est un service commercial, et non un service de transport pour les opérations de police. Sans compter que cela a rappelé à nombre d’agents les convois de déportation de juifs, depuis la gare de Bobigny, pendant la Seconde guerre mondiale».

Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les verts, a dénoncé cette opération qui «rappelle les heures les plus sombres de notre histoire et réveille en nous une monstrueuse évocation», précisant que «lorsqu’un service public de transports participe à une opération policière aussi abjecte, c’est tout le pacte républicain qui est bafoué et la honte qui nous submerge».

La Ligue des droits de l’homme et SOS Racisme ont également dénoncé cette collaboration «inhumaine» «aux relents xénophobes».

Interrogé sur cette opération, le ministre de l’intérieur Claude Guéant s’est défendu de ces critiques. «Un certain nombre d’amalgames que j’ai entendus avec la Shoah, les pires heures de notre histoire, sont spécialement scandaleux». Pour lui, les policiers «n’ont pas forcé les 150 ressortissants roumains à emprunter le (tramway), ceux-ci sont montés volontairement à bord de la rame mise à disposition par la RATP».

Gypsy Allard