Algérie- Le paysage audiovisuel va s’ouvrir au privé

L’Algérie lâche du lest dans le vaste chantier audiovisuel, en ouvrant son espace audiovisuel au privé. Mesure stipulée dans le nouveau code de l’information. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, dimanche lors de la séance inaugurale du Conseil de la nation à Alger (Sénat). Déclaration reprise par la presse algérienne notamment du lundi 5 septembre. C’est un événement de taille dans un pays qui n’avait connu que le monopole public, contrairement à ses deux voisins maghrébins.

L’audiovisuel algérien, aujourd’hui, ce sont les cinq chaînes de télévision algériennes et de nombreuses chaînes de radios nationales et régionales, totalement détenues par l’État.Une des mesures phares de l’avant-projet de loi sur l’information sans cesse réclamée par l’opposition, la société civile et l’opinion publique, et actuellement débattu à  l’Assemblée populaire nationale(APN), consistera à ouvrir la concurrence.

La session d’automne de l’APN ouverte le 4 septembre devra débattre de treize projets de loi, dont celui de l’information, à propos duquel le premier ministre a annoncé « Pour la première fois, nous aurons une législation qui parlera de l’ouverture des médias lourds », en référence à l’ouverture de l’audiovisuel au privé.

 

Contrairement aux extraits de l’avant-projet de loi sur l’information publiés par la presse et qui avaient soulevé un tollé par l’aspect répressif des textes, le premier ministre a assuré en abordant l’épineuse question de la liberté de la presse, qu' »il n’y avait plus de dispositions privatives de libertés» dans l’avant-projet de loi sur l’information.

Jusqu’à présent pour lancer un journal en Algérie, il faut déposer un dossier pour une demande d’agrément auprès du procureur de la République territorialement compétent.

Le gouvernement algérien maintient son droit de regard sur la presse par le biais de l’Autorité supérieure de la presse. Constituée de trois membres « directement nommés par le président de la République », cette autorité est sommée de remettre « un bilan annuel au chef de l’État».

M. Ouyahia a qualifié les dispositions annoncées d’« avancées importantes », précisant que « l’agrément de la presse écrite ne relèvera plus ni de la justice ni de l’administration, mais de l’autorité supérieure de la presse écrite ».

Des candidats à l’ouverture du marché audiovisuel algérien se sont aussitôt fait connaître. Les groupes sont Cevital d’Issad Rebrab, propriétaire du journal Liberté, et EETRHB d’Ali Haddad, détenteur du quotidien Le Temps.

Après le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et sans doute d’ici peu la Libye, l’Algérie restait le dernier pays dans la région d’Afrique du Nord à ne pas ouvrir son champ audiovisuel. Ce qui soulevait des critiques régulières de l’opposition et des intervenants du secteur.

S’agit-il de mesures encouragées ou alors imposées par les vents de liberté qui soufflent fort et de façon persistante sur les pays voisins ? Tout porte à le croire. La libéralisation du champ audiovisuel représente en soi un geste clair d’apaisement adressé par l’Etat à l’intention des Algériens qui visiblement en redemandent encore.

Soufia Limam