Billet Prix et symboles
Remettre le prix international de la Laïcité à Nadia El Fani est un choix logique mais contestable.
Logique, car selon l’esprit même du Comité Laïcité République, Nadia El Fani s’est engagée en faveur de la liberté de conscience et, pour cela, a pris des coups et subi les menaces les plus odieuses.
Remettre le prix international de la Laïcité à Nadia El Fani est un choix logique mais contestable.
Logique, car selon l’esprit même du Comité Laïcité République, Nadia El Fani s’est engagée en faveur de la liberté de conscience et, pour cela, a pris des coups et subi les menaces les plus odieuses. De plus, c’est une femme et nous savons combien en Europe, les clichés ont la vie dure et il est préférable de distinguer une femme plutôt qu’un homme dès lors qu’il s’agit d’un pays arabe.
Contestable, car elle n’a pas défendu la laïcité d’une manière efficace. A cause d’un choix maladroit (certains disent provocateur) du titre du film (Laïcité Inch’allah et Ni Allah ni maître) et ses prises de position, elle a renforcé au sein de l’opinion tunisienne une opinion dominante qui veut que :
-laïcité signifie athéisme ;
-laïcité est une valeur exogène, importée de France.
J’ai beaucoup lu au sujet du film en question et il n’y avait pas une seule critique, négative ou positive, du film. Rien. J’ai interrogé trois de mes collègues qui l’ont vu : que vaut-il sur le plan cinématographique ? Les réponses étaient mitigées. Sujet intéressant pour un docu, point barre.
Depuis les années soixante-dix, les cinéastes de la rive sud de la Méditerranée, savaient qu’on pouvait mobiliser des financements européens pour peu que l’on traite de sujets tabous tels que le sexe. Aujourd’hui, le nouveau tabou est la religion.
Tant qu’on est dans les clichés, une autre distinction se profile. Celle du prestigieux Nobel de la paix. On connaîtra le nom du ou des lauréats ce 7 octobre, mais gageons que le printemps arabe y figurera en bonne place. Et puisqu’on parle d’arabes, on choisira de préférence une ou des femmes. Ce ne sera pas original, mais hautement symbolique.
Boujemâa Sebti