Sport – Ribéry tête de turc
Zahia, la grève de Knysna, l’arrivée en claquettes-chaussettes sur le plateau de TF1. L’année 2010 avait été difficile pour Franck Ribéry. Depuis quelque temps, il avait délaissé la une des magazines people pour retrouver celle des chroniques sportives. Mais l’accalmie a été de courte durée.
Le livre biographie « La face cachée de Ribéry » vient de paraître. Le titre laisse peu de place au doute, l’international français s’en prend encore plein les dents. Blessé et forfait pour les matchs de l’équipe de France, il doit en plus subir la polémique qui enfle sur le prénom de son fils. Décidément le joueur n’est pas à la fête.
Un livre qui ressasse les anciennes affaires
Il n’en voulait pas. Franck Ribéry a tout fait pour que ce livre ne voie jamais le jour. Peine perdue. Le juge des référés du tribunal de Paris a rejeté la requête de l’international français. Il va même devoir verser 3.000 euros à la maison d’édition, au titre de l’article 700 qui stipule que la partie perdante doit rembourser à son adversaire les frais engagés. Ses avocats vont faire appel et tenter un dernier coup de poker mais la partie semble mal engagée.
Le bouquin revient sur tout, de l’affaire Zahia, en long en large et en travers, à la grève de Knysna. Gilles Verdez, directeur adjoint de France-Soir et Matthieu Suc, journaliste au quotidien, ont mis une année pour l’écrire. Pourquoi revenir sur des affaires mainte fois rabâchées dans les médias ? « Il s’agissait d’aller au-delà du superficiel, du discours frais pour révéler un côté plus calculateur chez Ribéry », lance Matthieu Suc chez nos confrères d’Europe1.
Amateurs de potins, bienvenue. Vous saurez tout sur l’affaire Zahia, avec la publication des dépositions de Zahia et de « Shazya », les deux jeunes femmes offertes en cadeau pour les 26 ans du joueur du Bayern de Munich. Rien ne vous sera épargné, de l’organisateur des soirées aux lieux qui accueillaient les orgies, sans oublier les détails croustillants. Les deux auteurs vont même jusqu’à fouiller dans la jeunesse de Ribéry. Le jeune joueur, encore en centre de formation, est décrit comme une terreur qui « a cassé le bras d’une fille » selon un de ses éducateurs de l’époque.
Mais n’allez pas faire dire aux auteurs que cette biographie est à charge : « Il y a des témoignages de gens qui l’aiment bien, des gens qu’il n’oublie pas », précise Matthieu Suc. Ce livre « people » tombe, comble du hasard, en pleine actualité chaude. Le juge d’instruction doit décider dans les semaines à venir d’un renvoi éventuel de Franck Ribéry devant le tribunal correctionnel pour « sollicitation de prostituée mineure ». Un joli coup médiatique pour un livre qui figurera en bonne place chez les amateurs de Voici et autre Paris Match.
Un prénom qui fait polémique
Le 16 septembre dernier, Franck Ribéry a eu la joie d’avoir un heureux événement, un petit garçon. Converti à l’Islam en 2006 et marié à une française d’origine algérienne, le joueur a souhaité donner un prénom religieux à son premier fils. Le choix du couple s’est porté sur Seïf el Islam qui signifie le glaive de l’Islam. Un prénom peu courant, sauf pour le colonel Kadhafi. En effet, l’un de ses fils se prénomme ainsi.
Les médias n’ont pas manqué de le rappeler à tue-tête, allant même jusqu’à faire un parallèle douteux entre ce choix et les convictions politiques du joueur. Beaucoup en ont profité pour souligner que ce fils de dictateur déchu était pressenti pour prendre le pouvoir.
Qu’on apprécie ou pas le personnage, c’est aux desiderata de chacun. Mais lui coller l’étiquette de pro-Kadhafi à cause d’un hasard malheureux, ça va un peu loin. Et quand bien même il savait pour le prénom du fils Kadhafi, qu’est-ce qui lui interdit de le choisir ? Doit-on bannir tous les prénoms qui ont un rapport avec un dictateur quel qu’il soit ? Pas sûr qu’en choisissant Omar (El-Bachir) ou Hosni (Moubarak), on en aurait entendu parler. Quoique, lorsqu’il s’agit de Ribéry, les médias s’en donnent souvent à cœur joie.
Jonathan Ardines