Maroc – Petites bonnes, grandes nouvelles !
Le calvaire des petites bonnes au Maroc prendra bientôt fin. Le Conseil de gouvernement a enfin adopté un projet de loi traitant de l’organisation du travail domestique. La récente mort dramatique de la petite Khadija, torturée à mort par son employeuse, a dû accélérer la prise de décision. Une dernière bonne action du gouvernement en partance.
Dorénavant, le travail domestique est reconnu par une loi. Les domestiques auront des droits sociaux, au même titre que tous les autres employés du privé. Mais pas seulement. Ce corps de métier qui depuis toujours tenait sur les frêles épaules de petites campagnardes, sera désormais interdit aux petites filles.
Adieu les petites bonnes !
La première action proposée par ce projet de loi est de mettre en place un dispositif législatif interdisant formellement le travail des petites filles de moins de 15 ans. Le souvenir encore récent de la mort de la petite Khadija en justifie l’absolue nécessité. Les associations civiles de protection de l’enfance sont d’ailleurs comblées.
Pour les mineurs entre 15 et 18 ans, leur emploi est, bien entendu, «soumis à l’autorisation des parents». Le texte de loi stipule également que l’employeur sera exhorté à respecter les conditions de travail. Cela passe d’abord par la détermination d’un emploi du temps correct pour la jeune domestique et son respect à la lettre. Ensuite, le travail à effectuer ne devrait pas présenter de danger pour les jeunes filles, sinon des sanctions sont prévues à l’encontre des employeurs et des intermédiaires.
Malheureusement au Maroc, souvent, les intermédiaires ne sont autres que les parents de la petite bonne qu’ils abandonnent au bon vouloir de ses « maîtres » et ne viennent que pour la replacer chez d’autres. Si beaucoup reste à faire, à ce sujet, la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Nouzha Skalli, estime que pour un début, ce texte de loi « va révolutionner la situation actuelle». Ce qui n’est pas faux en cas d’application stricte de ce beau texte.
La moitié de SMIG et la CNSS
Fini aussi l’emploi aléatoire des domestiques. Grâce au texte de loi en question, un arsenal juridique en béton sera également prévu pour la protection des adultes employés de maison, autant les femmes de ménage que les cuisiniers, les chauffeurs, les gardiens ou les jardiniers. Un contrat de travail en règle, un salaire fixe dont le minimum est fixé à la moitié du SMIG, un congé hebdomadaire payé et une déclaration obligatoire à la CNSS, tels sont les avantages sociaux qu’un inspecteur du travail prendra le soin de vérifier lors de sa visite au lieu du travail. En cas de licenciement, le domestique touchera une indemnité de perte d’emploi, versée par l’employeur.
On n’a plus qu’à attendre l’appréciation des parlementaires de ce projet de loi qui semble assez global et qui ne fera sûrement pas que des heureux. Beaucoup de gens trouveront le moyen de contourner ces lois, profitant de la pauvreté de cette classe sociale en ayant recours au marché informel. Ceci étant dit, l’application stricte des mesures punitives à l’encontre de l’employeur et de l’intermédiaire peut suppléer aux fraudes possibles. Espérons-le.
Fedwa Misk