Spécial Elections tunisiennes – Entretien avec Nadia Chaabane, du PDM

 Spécial Elections tunisiennes – Entretien avec Nadia Chaabane, du PDM

Nous militons pour le retour de la liberté individuelle

Les Tunisiens de France votent du 20 au 22 octobre. Pour apporter un éclairage supplémentaire, nous publions une série d’interviews de candidats aujourd’hui et demain. Ci-après, Nadia Chaabane, tête de liste France-nord, du pôle démocratique moderniste, répond à nos questions.

Selon vous, quels points doivent absolument être inscrits dans la constitution ?

Liberté et égalité pour les hommes et les femmes. Il faudra être intransigeant sur les libertés individuelles, liberté de conscience et de croyance notamment. Nous sommes pour une séparation claire et nette du religieux et de l’État pour qu’à aucun moment il puisse y avoir une instrumentalisation de la religion comme on le vit en ce moment.

Pour l’égalité homme/Femme, nous voulons une loi supra-constitutionnelle qui ne puisse pas être modifiée. Il ne suffit pas de le noter dans la constitution, en Algérie ou en Afghanistan ça n’a pas été appliqué, il faut que ça soit une loi au-dessus de tout.

Nous voulons une séparation des pouvoirs exécutifs et législatifs ainsi qu’une indépendance de la justice. Il faudra une cour constitutionnelle ainsi qu’une instance indépendante contre la corruption qui sera autonome pour pouvoir exercer sans subir de pressions.

Toutes les élections doivent se faire au suffrage universel. Le président, élu pour un mandat de 5 ans, ne pourra dissoudre le parlement qu’une seule fois et pas à sa guise. Seule une crise grave justifiera cette décision.

Quels sont les 3 axes prioritaires de votre programme ?

Nous voulons que les droits sociaux-économiques soient constitutionnels. Un accès aux soins pour tous mais aussi à l’eau potable, à un logement décent, l’accès à l’éducation pour tous.

Nous souhaitons une véritable démocratie représentative. Pour cela, il faudra organiser de nombreux référendums, notamment au parlement pour avoir l’avis de tous les Tunisiens.

Il faut également protéger les données personnelles et en finir avec le flicage dont ont été victimes les citoyens sous le régime de Ben Ali. Nous militons pour le retour de la liberté individuelle.

Et enfin, nous comptons faire un grand emprunt. Pour cela, nous allons récupérer de l’argent dans l’immobilier mais aussi dans les transactions financières en les surveillant de près. L’argent nous servira à financer un programme d’aide pour les plus démunis dès l’an prochain.

Quels changements voulez-vous apporter pour les Tunisiens vivant à l’étranger ?

Ils doivent devenir acteurs de ce changement en participant à toutes les élections. Il faudra créer ici, une instance consultative qui donnera son avis sur toutes les conventions bi-latérales signées entre la Tunisie et la France.

Il faudra mettre en place un institut et un centre culturel avec une politique linguistique adaptée aux enfants vivant en France. De nombreux jeunes d’origine tunisienne ne parlent pas l’arabe.

Les Tunisiens vivant à l’étranger seront les premiers à être recrutés pour les postes qui seront créés. Ce ne sera plus la peine de faire venir des citoyens de Tunisie pour occuper ces fonctions.

Nous espérons aussi en finir avec la vision qu’ont les Tunisiens des compatriotes vivant à l’étranger. Bien souvent, on parle d’eux en les assimilant aux apports de devises. Ils ne sont pas considérés comme des citoyens par beaucoup de Tunisiens. Il faut faire un travail pour que ces rapports changent, faciliter les investissements en Tunisie, les faire revenir car beaucoup n’attendent que ça pour prouver à ceux qui en douteraient qu’ils aiment leur pays d’origine. Enfin, concernant les nombreuses transactions financières, il faudra en baisser les frais ou prélever une partie des commissions en faisant en sorte qu’elle soit utilisée à bon escient.

Propos recueillis par Jonathan Ardines