Algérie. Louisa Hanoune se met à l’anti islamisme
Sa virevolte en a dérouté plus d’un : après s’être bâtie, durant toute la décennie noire, une solide réputation de l’avocate la plus acharnée des islamistes du FIS « spoliés » de leur victoire électorale lors des législatives de décembre 91, la porte-parole du Parti des Travailleurs (PT) Louisa Hanoune se découvre ces derniers mois un penchant anti-islamiste, ne ratant aucune occasion pour canarder les représentants de ce courant politique.
Loin de tirer dans le tas, la trotskiste a bien choisi ses cibles : Abdellah Djabellah en premier lieu, et, dans une moindre mesure, les salafistes. Sans prendre de gants, elle n’a pas cessé d’accuser le fondateur des partis d’Ennahdha et El Islah d’être à la solde des Américains et des Français.
« Le RND est né en « avec des moustaches » en gagnant haut la main les élections législatives de 1997 grâce à un appui interne. Si le nouveau parti que s’apprête à créer Abdellah Djabellah remporte les prochaines élections, on dira de lui qu’il est né avec des moustaches grâce à des soutiens externes », attaquait-elle mercredi lors d’une rencontre avec le journal arabophone Echourouk.
Et pour couper l’herbe sous les pieds de Abdellah Djabellah qui ambitionne d’aspirer une bonne partie de la base de l’ex FIS, la porte-parole du PT a demandé au ministère de l’Intérieur d’épurer les listes électorales des salafistes et d’interdire à leurs représentants d’être candidats.
Hanoune exclut une victoire des islamistes
Mais sa conviction est bien arrêtée : les islamistes ne sortiront pas vainqueurs lors des prochaines élections. La raison ? Ils sont complètement atomisés et divisés, explique madame Hanoune, pour pouvoir faire le poids. « Ce courant est devenu très faible et les partis islamistes sont en crise et en conflit entre eux », a-t-elle soutenu hier jeudi à l’ouverture des travaux du bureau politique de son parti avant d’ajouter : « Le peuple algérien a tiré des enseignements de l’expérience islamiste et ne veut plus jamais replonger dans la tragédie nationale ».
Pour elle donc, la victoire islamiste aux prochaines élections est totalement exclue sauf dans deux cas de figure : présence de la fraude ou l’intrusion dans le jeu politique de certaines parties étrangères qui veulent reproduire l’expérience turque dans les pays de la région.
Aussi, elle s’est vivement attaquée au secrétaire général du Front de libération national (FLN) Abdelaziz Belkhadem qui, il y a quelques jours, a prédit le score de 155 sièges, soit 40% des voix, pour les islamistes aux prochaines législatives. « A moins que le FLN ne soit un parti islamiste », lâche-t-elle, plein de sarcasme. « Ces déviations ne doivent pas passer sous silence (…) De tels propos ferment le jeu politique et ôtent toute crédibilité aux élections », a-t-elle indiqué.
Analysant la victoire des islamistes dans les pays de la région, Louiza Hanoune l’explique par l’absence d’une alternative démocratique pour contrebalancer le poids de ce courant.
Cette alternative existe-t-elle vraiment en Algérie ? Aux yeux de la pasionaria trotskiste algérienne, elle est incarnée par un seul et unique parti : le sien.