Maroc. 2012, la croissance sera en deçà des attentes

 Maroc. 2012, la croissance sera en deçà des attentes

2012 ne sera pas une année faste au Maroc

La thèse de la résilience de l’économie marocaine face aux chocs externes est sévèrement malmenée par le dernier rapport de Centre marocain de conjoncture, qui tire la sonnette d’alarme.

 

2012 ne sera pas une année faste au Maroc. C’est du moins ce qui ressort des prévisions du très sérieux Centre marocain de conjoncture (CMC), institution de recherche et d’études macro-économiques.

Les derniers chiffres et recommandations du CMC ont de quoi faire froid dans le dos aux membres du gouvernement Benkirane. Là où ce dernier ambitionne de porter la croissance à 7% – à l’instar des pays émergents-, le rapport du CMC fait état d’un taux ne dépassant pas  les 3,2%, accusant un repli d’un point et demi par rapport aux cinq dernières années. Un contexte difficile pour un Exécutif dont le cheval de bataille est la satisfaction des revendications sociales.

Pour le CMC, cette contre-performance est imputable à la conjonction de plusieurs facteurs. A commencer par l’agriculture, secteur qui donne le ton de l’économie marocaine. La baisse de pluviométrie laisse augurer d’une campagne modeste cette année, ce qui met en évidence les faiblesses structurelles du secteur, plan Maroc vert ou pas.

« 50 ans après l’indépendance, nous en sommes encore à  attendre la pluie », s’étonne l’économiste Najib Akesbi. Vendredi dernier, des prières rogatoires ont même été tenues à cet effet dans l’ensemble des mosquées du royaume…

 

Indicateurs en berne

Même constat pour l’industrie, dont la croissance ne devrait pas dépasser les 2% selon le CMC. Principale cause : la baisse de la demande, tant interne qu’externe. La consommation des ménages, principal moteur de croissance des pays émergents, ne devrait évoluer que de 4,2% en 2012, en recul de 2 points par rapport à 2011.

Des facteurs externes contribuent également à ce repli, en tête desquels viennent une conjoncture mondiale peu réjouissante et une zone euro en chute libre. Conséquence directe : baisse des IDE (investissements directs étrangers), aggravation du déficit commercial, compétitivité réduite,…

Pour ne rien arranger, le Maroc importe près de 95% de ses besoins en énergie, dans un contexte marqué par la flambée du cours du pétrole et des matières premières.

Pour finir, le CMC tire la sonnette d’alarme en matière de finances publiques. Caisse de compensation, recrutements dans la fonction publique, augmentation du Smig,… Autant de facteurs pouvant conduire à des dérapages dont l’issue est incertaine.

Seuls points positifs, le CMC table sur le maintien de la demande sur les phosphates et sur un essoufflement des mouvements de contestation sociale, ce qui permettrait de « regagner la confiance des investisseurs »…  

Ce qui est certain, c’est que ces prévisions malmènent la thèse de « l’exception marocaine », et de « la résilience de son économie face aux crises internationales », comme se plaisait à le répéter Salaheddine Mezouar, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances. A charge maintenant aux membres du nouvel Exécutif de solutionner cette épineuse équation…

Zakaria Boulahya