France. Une stèle à la mémoire des combattants musulmans

 France. Une stèle à la mémoire des combattants musulmans

Jacques Chirac


Tirailleurs sénégalais, algériens, tunisiens, marocains qui ont combattu pour la France pendant la première guerre mondiale vont enfin obtenir une reconnaissance. Longtemps oubliés par l’Histoire, ils seront à l’honneur en mars lors de l’inauguration d’une stèle commémorative.




 


Début mars, une stèle à la mémoire des combattants musulmans disparus durant la guerre 1914-1918 va être inaugurée à la Grande mosquée de Paris. « Il est temps de rappeler que nous avons une histoire commune. Et cette stèle est bienvenue à un moment où les musulmans font l’objet d’une stigmatisation », a déclaré Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée.


Cette stèle ne sera que le premier élément d’un mémorial plus vaste qui sera construit en l’honneur des musulmans tombés lors de ces conflits. Durant ces deux guerres, 600 000 soldats musulmans sont venus se battre pour la France, 100 000 ont perdu la vie. Lors de la seule première guerre mondiale, 38 200 soldats maghrébins seraient morts ou portés disparus.


L’ancien président, Jacques Chirac, avait déjà dévoilé en 2006, à Douaumont (Meuse), un premier mémorial pour les soldats musulmans tués lors de la bataille de Verdun en 1916.


Selon Salah Bellouti, président des enfants d’anciens combattants français musulmans, ce serait Nicolas Sarkozy qui aurait souhaité un tel lieu de recueillement. Le président français décrié pour sa politique islamophobe mise en place depuis 5 ans aimerait se racheter et, par la même occasion, récupérer quelques voix d’une communauté qui lui a tourné le dos.


 


Avec Claude Guéant pour l’inauguration


« Il tient absolument à être présent, avec le ministre de l’Intérieur Claude Guéant, lors de l’inauguration », précise Salah Bellouti. Difficile de ne pas y voir une manœuvre électorale tant le chef de l’État et son ministre ont tapé sur les musulmans ces derniers mois.


Comment oublier la phrase de Claude Guéant pour qui « l’augmentation du nombre de fidèles musulmans pose problème, en plus du deux tiers des échecs scolaires dus à l’échec des enfants d’immigrés ».


Le Nouvel Observateur ne s’y trompe pas et publie une étude où l’on découvre que lors de la présidentielle de 2007, les électeurs de confession musulmane avaient voté en majorité pour Ségolène Royal. Seulement 1% de cet électorat avait choisi le candidat UMP. Nicolas Sarkozy sait bien que cet électorat pourrait faire pencher la balance lors de l’élection.


Après ce monument, une deuxième stèle, toujours en mémoire des soldats musulmans, devrait voir le jour juste après l’élection présidentielle. « Celle-ci, on ne sait pas qui l’inaugurera : Nicolas Sarkozy ou François Hollande », lance Salah Bellouti. Les électeurs musulmans pourraient trancher.


Jonathan Ardines