Maroc. Un débat Assid (laïc) – Fizazi (salafiste) fait le buzz

 Maroc.  Un débat Assid (laïc) – Fizazi (salafiste) fait le buzz

Un débat a opposé Mohamed Fizazi (à droite)


C’est la vidéo qui a fait le buzz. Le 13 février à Rabat et à l’initiative des élèves de l’INAV (Institut agronomique et vétérinaire), un débat opposait Mohamed Fizazi, icône du salafisme marocain, plus ou moins jihadiste, libéré de prison il y a à peine quelques mois ; et Ahmed Assid, célèbre philosophe laïc et militant de la cause amazigh.




 


Fizazi, la chariâ au-dessus de tout


Mohamed Fizazi a répété son message essentiel : la charia est au-dessus de tout, de la démocratie, des hommes, de la législation, des lois. L’ère de l’islam a commencé, l’ère des laïcs est terminée.


M. Fizazi qui rejette le terme « islamisme » qu’il qualifie de néocolonial, et lui préfère musulman, stigmatise, comme le font ses confrères tunisiens et orientaux, les laïcs, qualifiés d’athées et d’hérétiques.


La liberté de conscience ? « Je suis pour, je respecte les chrétiens et les juifs et je les protège s’ils ont besoin de ma protection ; mais le musulman qui renie sa foi, l’apostat, méritent la mort ». « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le prophète », clame-t-il. « L’apostasie ne fait pas partie de la liberté de conscience ».


« La charia doit être au-dessus de toutes les lois et c’est un droit sur lequel nous ne céderons pas ».


Il explique que lui et les siens acceptent la démocratie jusqu’à un certain point : la loi des hommes ne doit pas être en contradiction avec la loi de Dieu.


Il explique que les houdouds (châtiments corporels tels que l’amputation, la crucifixion, la lapidation, la flagellation), doivent être appliqués.


« Les gens qui me critiquent ne connaissent même pas la direction de La Mecque », ajoute cet homme qui se présente comme un savant théologien. La religion doit être laissée aux vrais savants de l’islam, ceux de la Qaraouiyine, de la Zitouna, d’Al Azhar.


 


Assid, la laïcité est une liberté pour la religion


Mohamed Assid a répondu en essayant d’être didactique et dépassionné.


« Ce Monsieur appelle à quelque chose qui est très dangereux pour mon pays. Les musulmans ont pris du retard parce qu’ils ont fermé les portes de l’ijtihad (effet d’interprétation) et de la raison », commence-t-il.


Il explique que contrairement à ce que l’on prétend un peu partout dans le monde musulman, la laïcité est une liberté pour la religion. De plus, il n’y a pas un seul modèle de laïcité.  Il explique que dans un système laïc, il y a effectivement une liberté de la prédication, à condition de s’abstenir de tout appel à la haine.


Dans un système laïc, il est impossible que s’installe une tyrannie au nom de la religion. La laïcité, c’est la primauté de la raison, la neutralité des institutions, l’Etat devenant le protecteur des cultes et des religions. Il donne l’exemple d’Erdogan qui a rappelé, dans le cadre d’une tournée dans les pays arabes, combien il est important que l’Etat se tienne à égale distance de tous.


Enfin, la laïcité est le respect de l’autre, c’est une relation équilibrée avec l’autre.


Il faut lire l’islam d’une manière rationnelle, recommande-t-il : la religion ne doit pas être résumée au fiqh (jurisprudence appliquée à la vie quotidienne, dont le but est de définir ce qu’est un bon musulman) et au pouvoir. Il rappelle Ibn Rochd qui disait : le Coran s’adresse à votre raison. Pour conclure, la religion, ce ne sont pas les oulémas.


Boujemâa Sebti


 


Liens pour voir les différentes vidéos du débat :


http://www.youtube.com/watch?v=xU9TPLMTYdE&feature=player_embedded


http://www.youtube.com/watch?v=aJktAAK9DtM&feature=player_embedded


http://www.youtube.com/watch?v=YtYwWoaR4m4&feature=player_embedded


http://www.youtube.com/watch?v=5pVPJfLp6ms&feature=player_embedded