Maroc. 2012, année fatidique pour le tourisme…
Les craintes formulées par les professionnels du tourisme marocains semblent enfin avoir trouvé écho auprès du ministre de tutelle. Lahcen Haddad a reconnu cette semaine que 2012 serait une année difficile pour le secteur : « Il y a une incertitude par rapport à nos principaux marchés émetteurs. Une baisse de la demande sera enregistrée ».
Une déclaration qui conforte la position des professionnels qui, depuis déjà quelques semaines, tirent la sonnette d’alarme devant le net repli de l’activité touristique.
Plusieurs fédérations du métier avaient en effet saisi l’autorité de tutelle, réclamant notamment la mise en place d’un plan d’urgence avec un marketing plus agressif de la destination Maroc. La promotion touristique étant du ressort de l’ONMT (Office National Marocain du Tourisme).
Réponse sans équivoque du ministre du Tourisme Lahcen Haddad : « Il est difficile d’obtenir une rallonge du budget de l’ONMT au vu du déficit des finances publiques. Le budget réservé à notre ministère n’a pas été à la hauteur de nos ambitions… ».
Des propos qui tranchent avec le discours rassurant de son prédécesseur Yassir Zenagui, sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs de la Vision 2020.
L’aérien, le talon d’Achille
Dans un secteur constituant l’un des piliers de l’économie du pays, c’est presque les poings liés qu’hôteliers, voyagistes, et autres métiers du secteur s’attendent à essuyer l’onde de choc causée par la récession européenne, dont les pays assurent 80% des arrivées touristiques au Maroc, avec une prédominance des marchés français et espagnol.
« Les grands tours opérateurs européens ont accusé une baisse de 28% sur le chiffre d’affaire de la destination Maroc », témoigne Kamal Bensouda, président de l’Observatoire marocain du Tourisme.
L’accessibilité est un autre élément qui risque d’entamer l’attrait de la destination. En effet, l’activité aérienne a connu un recul global de 18%. Voyant la fréquentation baisser, plusieurs compagnies aériennes, régulières et low-cost, ont suspendu, voire annulé des lignes desservant le Maroc.
La Royal Air Maroc, compagnie nationale, a d’ailleurs procédé de même en supprimant plus de 30 vols directs reliant le pays aux principaux marchés émetteurs européens. « Reste à espérer que les compagnie aériennes assouplissent leurs tarifs pour générer de la demande additionnelle » commente Kamal Bensouda.
En l’absence d’une stratégie de crise, devant autant de défis conjoncturels, entre la récession européenne et la perception de la région suite au Printemps arabe, les opérateurs du secteur font ce qu’ils peuvent pour ne pas céder au « panic management » en bradant la destination pour remplir les hôtels.
Parmi les pistes avancées, une opération de communication à destination des… Marocains, aussi bien les résidents que les MRE, qui représentent tout de même le 2ème marché après le marché français.
Zakaria Boulahya