France. De Villepin et la banlieue
L’ancien Premier ministre a toujours fait de la banlieue un de ses sujets favoris. Encore en déplacement à Argenteuil en février, le candidat à la présidentielle continue de mobiliser dans des quartiers où il jouit d’une forte popularité.
Le 5 février dernier, l’ancien Premier ministre effectuait un déplacement à Argenteuil (Val d’Oise). Et comme toujours dans les quartiers populaires, Dominique de Villepin a reçu un accueil chaleureux. Sourires, baisers et accolades étaient au programme pour celui qui considéré là-bas comme l’anti-sarkozyste, mais pas seulement.
La popularité du candidat de République solidaire dans les banlieues s’est forgée avec le temps. Pourtant, au départ, la situation était plutôt mal engagée. En 2006, en promulguant le CPE (contrat première embauche), il devient pour beaucoup de jeunes, le responsable de l’emploi précaire.
Depuis les choses ont bien changé. Son discours à l’ONU pour essayer d’empêcher les Américains d’aller faire la guerre en Irak a marqué les esprits. Dans des quartiers populaires où la politique étrangère de l’oncle Sam est souvent décriée, Dominique de Villepin est devenu celui qui a eu le courage de s’opposer au géant américain.
Azdine Ouis, l’homme des quartiers du candidat abonde dans ce sens : « On est fiers de ça : il a fait preuve de courage face à l’impérialisme américain ».
En juin 2010, il marque encore des points et les esprits en condamnant l’attaque de la flottille humanitaire qui se dirigeait vers Gaza.
L’anti-Sarkozyste
Ce qui est plaît aussi beaucoup dans les banlieues, c’est qu’il représente l’ennemi juré du peu populaire président Sarkozy. Beaucoup le reconnaissent comme une victime du président et s’identifient plus facilement à lui, se sentant eux-mêmes victimes d’un chef de l’État qui n’a rien fait pour les banlieues.
Azouz Begag, ancien ministre et soutien de toujours du candidat résume bien la situation : « Tous ces jeunes ont été salis par la phrase sur les racailles de Sarkozy, et se sentent respectés et restaurés par Villepin ».
L’ancien premier ministre jouit enfin d’un dernier atout dans sa manche. Né à Rabat, il se sent plus proche de la communauté musulmane. « Je suis né au Maroc, j’ai vécu dans le Tiers-Monde, je suis sensible aux parcours de nos compatriotes que nous retrouvons aujourd’hui dans les banlieues ». « Ça lui donne une sensibilité particulière, il a vu qu’on peut vivre ensemble », explique Assiah Meddah, élue de banlieue et membre de son équipe de campagne.
Fort de ces certitudes, Azdine Ouis a créé l’association Banlieue de Villepin 2012. Des canettes de boisson, des pin’s sont produits à l’effigie du candidat. Une voiture a même été rachetée à la gendarmerie nationale pour ensuite être transformée en « Villepinmobile » pour la campagne.
Pulvar et Polony lui reprochent ses positions pro-palestiniennes
Il continue à se rendre régulièrement en banlieue pour discuter des problèmes, « nos banlieues se retrouvent parfois malheureusement en dehors de la République », déclarait-il sur le « Bondy Blog ».
S’il a fait plusieurs propositions pour les quartiers populaires, « mettre en place de véritables maisons de service public pour que l’État y soit plus présent, allouer plus de moyens éducatifs… », ce sont ses prises de positions sur le conflit israélo-palestinien qui semblent déranger.
Invité de l’émission de France 2, « On n’est pas couché », Dominique de Villepin a été pris à partie par les chroniqueuses de l’émission. Le candidat, qui n’a jamais caché ses positions pro-palestiniennes s’est vu reprocher par Audrey Pulvar ses « déclarations anti-israéliennes ». La journaliste a même été encore plus loin, lui reprochant de ne pas être resté assez longtemps à son goût au dernier dîner du CRIF (conseil représentatif des institutions juives de France).
Les chroniqueuses n’ont pas aimé que le candidat aille parler du conflit israélo-palestinien avec les habitants des quartiers populaires. Natacha Polony, journaliste du Figaro, l’a accusé de flirter avec la « tentation communautariste ».
Pour Audrey Pulvar, « les jeunes de banlieue » feraient mieux d’oublier la Palestine.Ou comment décourager la population de s’intéresser à un sujet épineux qui fâche la classe politique et les médias.
Jonathan Ardines