France. Le halal continue de faire débat

 France. Le halal continue de faire débat

François Hollande


Lancée par Marine Le Pen, la polémique sur le halal continue d’enfler. Alors que François Hollande et François Bayrou dénonçaient hier lundi une « surenchère » orchestrée par le gouvernement, le Premier ministre François Fillon en a remis une couche en réclamant la fin des traditions d’abattage rituel.




 


« Je pense que les religions devraient réfléchir au maintien de traditions qui n’ont plus grand-chose à voir avec l’état aujourd’hui de la science, l’état de la technologie, les problèmes de santé », a déclaré François Fillon sur Europe 1.


À l’instar du chef de l’État et du ministre de l’Intérieur, François Fillon a relancé le débat sur l’étiquetage des viandes : « On pourrait y réfléchir. C’est pas le jour et c’est pas le moment d’engager ce débat, mais qu’au moins les choses soient claires et que, dans un abattoir, quand on abat une viande sans l’étourdir, on l’étiquette afin que les Français sachent comment les choses se sont passées ».


Une polémique qui inquiète Mohamed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : « Cela risque de créer des tensions dans la société. Je trouve cette idée stigmatisante ». Richard Prasquier, le président du Crif a abondé dans son sens, rappelant que le « gouvernement n’a pas à donner des conseils en matière de tradition religieuse ».


 


Il « verse de l’huile sur le feu »


Le lien établi vendredi dernier lors d’un meeting en Meurthe-et-Moselle par Claude Guéant entre le droit de vote des étrangers et l’introduction de la nourriture halal dans les cantines a entrainé de vives réactions.


François Bayrou, le candidat du Modem a accusé le président de la République de « verser de l’huile sur le feu » et de se rendre coupable de « non-assistance à pays en danger ».


François Hollande, le candidat socialiste, est monté au créneau face à cette polémique lancée par Marine Le Pen et relayée par le gouvernement. « Franchement, nous sommes dans une campagne présidentielle, nous avons des enjeux majeurs, et on viendrait faire une campagne sur la viande halal parce que Mme Le Pen a été la première à en parler et il y aurait une espèce de surenchère ? », s’est-il interrogé.


François Bayrou est revenu à la charge lors d’un déplacement à Vincennes (Val-de-Marne) fustigeant un discours « irresponsable ». « Ceux qui doivent être mis en accusation, ce sont ceux qui attendent les campagnes électorales pour poser des problèmes de cet ordre. Les problèmes de la France aujourd’hui, ce n’est pas le halal ou le casher », a-t-il rappelé.


Et Bayrou de conclure : « Ceux qui passent leur temps à verser de l’huile sur le feu pour que la passion d’une partie du pays flambe contre l’autre, on voit bien ce qu’ils cherchent : ils cherchent des voix, mais en réalité, ils rendent le plus mauvais service au pays ».


 


L’UMP se divise


La polémique sur le halal ne fait pas que des heureux au gouvernement. La députée UMP Françoise Hostalier a retiré une proposition de loi sur le mode d’abattage des animaux qui visait le rite halal.


La stratégie de Nicolas Sarkozy est critiquée jusque dans son propre camp. Rachida Dati, pourtant très proche du président-candidat a déclaré lundi dans une interview au Figaro qu’elle ne souscrivait pas « à des propos qui assimilent les musulmans français à des étrangers ».


La porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet a également pris ses distances, rappelant dimanche qu’il n’était pas « nécessaire de faire un lien entre droit de vote et halal ».


Cette stratégie qui consiste à taper sur une communauté pour récupérer un maximum de voix n’offre pas les résultats escomptés. Nicolas Sarkozy ne progresse pas dans les sondages. Lâché par les grandes institutions religieuses, il commence à perdre le soutien d’une partie de ses fidèles. Ça se complique de plus en plus pour le candidat UMP.


Jonathan Ardines