Algérie. Said Sadi passe le flambeau

 Algérie. Said Sadi passe le flambeau

En renonçant à se représenter


Une nouvelle ère s’ouvre au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dont l’histoire se confond avec celle de son leader charismatique, Said Sadi, 65 ans, qui a décidé de son plein gré de passer la main aux plus jeunes du parti.




 


Inattendue,  cette décision a jeté dans la stupeur les 2 200 militants qui ont pris part, les 9 et 10 mars, au 4ème congrès à la coupole Mohamed Boudiaf à Alger. Leurs cris de réprobation n’ont entamé en rien la résolution de Said Sadi de laisser la voie libre à la nouvelle génération de cadres formés par le parti.


« Avec une conscience sereine et une pleine confiance en l’avenir, je vous annonce ma décision de ne pas me représenter au poste de président du RCD. J’ai longuement réfléchi (…), il est temps que les compétences formées dans et par le parti s’expriment et s’accomplissent », annonçait-il dans son discours d’ouverture.


« Il y a autant de Said Sadi qu’il y a de militants. C’est parce que des générations ont étouffé d’autres générations que l’Algérie est aujourd’hui dans une impasse historique », justifiait-il.


Même les invités étrangers (marocains, syriens et tunisiens) et nationaux (Ali Yahia Abdenour et Sid Ahmed Ghozali) ont été, eux aussi, quelque peu pris de court par la sortie de Saïd Sadi. Mais le représentant du Conseil national syrien a exhorté les militants du RCD à ne pas faire pression sur leur chef pour le faire revenir sur sa résolution.


« Ne lui demandez pas de revenir sur sa décision. C’est une décision sage et un exemple pour tous les partis et le monde arabe », s’exclamait-il avant d’ajouter : « La jeunesse doit être aux commandes. Si nous avions attendu à ce que notre génération réagisse, on aurait subi le régime d’al-Assad pendant 50 autres années ».


 


Un geste historique pour l’Algérie


En remettant les clés du parti à la jeunesse sans que personne ne le lui demande, Saïd Sadi a incontestablement fait un geste historique qui fera date dans une Algérie peu habituée aux successions ordonnées et où le pouvoir s’acquiert par la force. Saïd Sadi qui avait introduit dans le débat public des questions tabous comme la laïcité, vient d’inaugurer de nouvelles mœurs politiques.


Pour donner plus d’éclat à ce nouveau cap pris par son parti, Nordine Aït Hamouda, fils du mythique colonel Amirouche, a décidé d’emboîter le pas à son ami Sadi en se retirant à son tour de l’Exécutif du parti.


Très serein, Sadi assure ne pas nourrir la moindre inquiétude quant à l’avenir du parti. « La boutique est solide », répétait-il à satiété. « Il y a au RCD de quoi faire fonctionner 10, 20, 30 partis politiques », renchérissait-il.


Et c’est un jeune de 42 ans, Mohcine Belabbas, qui a fait toutes ses classes au RCD, qui vient d’hériter du trône. Sa première décision : injecter un peu de sang neuf dans la direction du parti en confiant des postes de responsabilité à de très jeunes militants. Un engagement : maintenir le cap de l’opposition tracé par son mentor.


                                                                                                   Yacine Ouchikh