Algérie. Une économie gangrenée par l’informel

 Algérie. Une économie gangrenée par l’informel

Les autorités algériennes n’arrivent pas à cerner avec exactitude l’ampleur prise par le phénomène de l’économie informelle. Photo archives Joël Robine / AFP.


Le secteur informel gagne du terrain en Algérie. Les transactions opérées sur le marché informel, ces trois dernières années, ont atteint les 155,7 milliards de dinars (1,5 milliards d’euros). 




 


Ce chiffre a été livré par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, lors d’un colloque international sur international sur l’économie informelle en Algérie organisé hier lundi à Alger, pour tirer la sonnette d’alarme.


« L’ampleur prise par l’informel ces dernières années, reste l’un des principaux obstacles à la stabilité et à la transparence nécessaire à une relance économique soutenue et au développement de l’investissement productif  », a relevé  M. Benbada avant de s’écrier, impuissant : « Les activités informelles ont fini par s’incruster dans le paysage ».


La cause à l’origine « de la prolifération d’une économie parallèle » ? Le passage de l’Algérie de l’économie dirigée à une économie de marché, a expliqué M. Benbada.


Le hic est que les autorités ne connaissent même pas avec exactitude l’ampleur prise par ce phénomène. Pour preuve, le ministre du Commerce a avoué la difficulté pour son département de cerner l’étendue de ce fléau qui, à ses yeux, « pourrait constituer, à terme, une menace sérieuse pour l’outil national de production » et « risquerait de mettre en péril les fondements de l’économie nationale dans son ensemble ». Pis, M. Benbada a jugé que « l’expansion du phénomène obéit à des objectifs occultes ».


 


Manque de fermeté face à l’économie informelle


Mais qu’a fait alors le gouvernement pour en finir avec cette pieuvre ? Selon le ministre du Commerce, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour mettre un terme aux différentes formes de fraudes, à travers la dynamisation de l’outil national de production, la stimulation des investissements productifs,  la promotion de l’emploi, etc.


Mais en même temps, il regrette le recul du gouvernement sur l’obligation de paiement par chèque de toute transaction dépassant les 500 000 DA. Selon lui, cette décision « donne des signaux négatifs et peut même favoriser le secteur informel ». Autrement dit, la frilosité du gouvernement est pour quelque chose dans cette situation.


Pour l’économiste péruvien Hernando de Soto, spécialiste des économies souterraines, la résolution du problème de l’économie informelle est « essentiellement un acte politique ». Tout un message.


                                                                                    Yacine Ouchikh