Algérie. L’ex-FIS s’invite aux législatives

 Algérie. L’ex-FIS s’invite aux législatives

La campagne tapageuse que mènent les autorités pour pousser les Algériens à se rendre aux urnes n’est pas du goût de Abassi Madani et Ali Belhadj (au centre)


Abassi Madani et Ali Belhadj se rappellent au mauvais souvenir des Algériens. Dans un communiqué signé conjointement et rendu public hier mardi, les deux dirigeants du Front islamique du salut (FIS), un parti dissous par les autorités en 1992, appellent « clairement et franchement » leurs concitoyens à boycotter les législatives du 10 mai prochain. (Photo AFP)




 


Pour Abassi Madani et Ali Belhadj, participer au prochain scrutin revient à « faire perdurer la crise et rater une autre occasion pour un changement réel auquel aspirent tous les Algériens épris de paix ». La campagne tapageuse que mènent les autorités pour pousser les Algériens à se rendre aux urnes n’est pas du goût des deux leaders de l’ex FIS.


« Les appels se multiplient ces derniers jours de la part des symboles du régime qui demandent au peuple algérien de se rendre aux urnes le 10 mai prochain, tout en agitant la menace de l’intervention étrangère ou du retour à la décennie rouge », dénoncent-ils.


Le prochain scrutin qui, une fois n’est pas coutume, sera supervisé par des observateurs internationaux échapperait-il à la malédiction de la fraude ? Les deux dirigeants islamistes ne se font aucune illusion : selon eux, les législatives du 10 mai ne seront en rien différentes des précédents scrutins. Explication : « Le gouvernement qui supervisera les élections est connu pour la falsification de précédentes élections ».


 


Un coup dur pour les partis islamistes


Sur leur lancée, les Chioukhs de l’ex-FIS se sont attaqué aux réformes lancées par le président Bouteflika au lendemain son discours du 21 avril 2011, qui, à leurs yeux, « sont de pure forme » et « improvisées dans la foulée du mouvement révolutionnaire dans le monde arabe ».


Allant au-delà des prochaines élections, Abassi Madani et Ali Belhadj remettent sur la table le problème de la légitimité des régimes qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance. « La légitimité du régime politique algérien est posée depuis les coups d’État contre le gouvernement provisoire de la République algérienne durant l’été 1962, et contre la volonté du peuple en 1992 », affirment-ils.


A coup sûr, cet appel au boycott sera un coup dur pour les partis islamistes, le PJD de Abdellah Djaballah en tête, qui, depuis quelques mois, multiplient les clins d’œil pour gagner les faveurs de la base du FIS.


En appelant les Algériens à ne pas aller voter, veulent-ils couper l’herbe sous les pieds de M. Djaballah -des soupçons pèsent sur lui d’être récupéré par certains cercles du pouvoir qui veulent lui faire jouer le rôle de tête de pont du courant islamiste-, le seul à pouvoir capter leur électorat que d’aucuns estiment à plus de 2 millions de voix ? Possible.


                                                                                                  Yacine Ouchikh