Algérie. Sarkozy s’attire les foudres des Algériens
Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur la question des Harkis ont provoqué un tollé de ce côté-ci de la Méditerranée. « Les Moudjahiddines n’ont pas commis de crimes. Ces crimes ont été plutôt l’œuvre des Français », a vertement répliqué, samedi, le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia au président français qui affirmait que « des atrocités ont été commises de part et d’autre ». (Photo AFP)
Pour le ministre de l’Intérieur, « les Moudjahiddines n’ont fait que réagir face aux atrocités coloniales pour défendre leur patrie et leur peuple, et cela est tout à fait légitime », a-t-il expliqué. Même indignation chez Saïd Abadou, secrétaire générale de l’Organisation nationale des Moudjahiddines (ONM), qui a récusé énergiquement l’accusation portée contre les Algériens d’avoir commis des massacres de harkis.
« Les prétentions des autorités françaises selon lesquelles il y aurait eu en Algérie l’exécution de Harkis au lendemain de l’indépendance n’ont aucun fondement », s’est-il élevé. « Le FLN n’a jamais commis de massacre à l’encontre des Harkis », a soutenu le patron de l’ONM dans un entretien accordé hier lundi au quotidien Le Jeune Indépendant.
Et M. Abadou de rappeler à la France le sort qu’elle avait réservé le lendemain de la libération en 1945 aux collaborateurs avec les Nazis. « Ce sont les Français qui ont commis des massacres à l’encontre des collaborateurs du régime nazi. Après la libération, les Français ont même érigé des tribunaux spéciaux pour juger leurs compatriotes coupables d’avoir trahi la cause. En Algérie, il n’y a pas eu de tribunaux spéciaux », a-t-il assuré.
Ancien responsable de la fédération du FLN en France, Ali Harouna rejette d’un revers de main cette accusation de massacre de Harkis collée au FLN qui, selon lui, n’est pour rien dans ce qui est arrivé aux supplétifs de l’armée française au lendemain de l’indépendance. « Montrez-moi une seule instruction du FLN appelant à massacrer les Harkis », a-t-il lancé sur un ton de défi.
« La violence n’est pas de notre côté », a affirmé pour sa part Reda Malek, porte-parole du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) lors des négociations d’Evian.
Pour l’ancien chef de la wilaya IV (Algérois), le colonel Hassen Khatib, la sortie de Sarkozy est motivée par des calculs électoralistes. « Ces excuses et reconnaissances envers les trois millions ou plus de harkis et les rapatriés algériens ont été faites dans le but de flatter leurs voix, rien de plus », a-t-il expliqué.
Yacine Ouchikh