France. Toulouse : Mohamed Merah tué lors d’un assaut du Raid
Après s’être retranché dans un appartement pendant plus de trente heures de siège par le Raid, Mohamed Merah, le meurtrier présumé de Toulouse et de Montauban, a été tué en fin de matinée. Même s’il s’agit d’un acte isolé, le geste de cet homme met la communauté musulmane dans l’embarras et permet une récupération politique malheureuse. (Photo AFP)
Selon l’AFP, Mohamed Merah a sauté du balcon de son appartement en continuant à tirer sur les hommes du Raid qui avaient investi son logement, quand il a été mortellement touché par des tireurs d’élite positionnés à l’extérieur.
Qui est Mohamed Merah ?
Ce jeune Français d’origine algérienne de 24 ans s’est revendiqué d’Al Qaïda. Le jeune homme a grandi dans le quartier sensible des Izards à Toulouse. Il a souvent été arrêté pour de petits délits (vols, violences..). Il effectue de courts séjours en prison en 2007 et 2009 puis déciderait, si on se fie à certains témoignages de proches, de se rapprocher d’un islam radical à l’âge de 21 ans.
Mohamed Merah avait une formation de carrossier. Il était actuellement sans emploi et touchait le RSA. Son père décédé il y a longtemps, le jeune homme a été élevé en grande partie par une mère qui a reconnu aux enquêteurs « n’avoir guère d’influence sur lui ». Un de ses frères, Abdelkader, serait connu des policiers car il aurait participé à « une filière d’acheminement de djihadistes en Irak ».
Lors des négociations avec le Raid, Mohamed Merah n’aurait exprimé aucun regret sauf celui de ne pas avoir fait plus de victimes.
Surveillé depuis longtemps
La polémique n’a pas manqué de gonfler. Selon les premières informations, le jeune homme était dans le viseur de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) depuis plusieurs années. Une surveillance qui ferait suite à des voyages en Afghanistan ou au Pakistan.
Selon certaines informations, le jeune homme aurait été arrêté en Afghanistan en 2007 après avoir posé des bombes dans la région de Kandahar. Condamné à trois ans de prison, il se serait évadé en 2008 à la suite d’une intervention menée par les talibans.
« Jamais aucun élément de nature à faire penser qu’il préparait une action criminelle n’était apparu », s’est défendu Claude Guéant.
L’amalgame musulman
Encore une fois, le geste d’un forcené risque de jeter le discrédit sur une communauté qui n’a rien à voir avec ces faits isolés. Mohammed Moussaoui, le président du CFCM a déclaré que « ces actes sont en contradiction totale avec les fondements de cette religion ». Responsables des communautés juive et musulmane de France ont appelé à ne pas faire d’amalgame.
Malgré cela, l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) s’inquiète dans un communiqué des dérives à venir, « cette affliction est d’autant plus forte et amère que l’auteur présumé, par ses revendications, prend en otage la religion musulmane et tous ses fidèles. Rappelons que le terrorisme et la folie meurtrière n’ont pas de religion ».
Même si tous les musulmans de France ont condamné sans réserve ces actes odieux d’un illuminé qui n’a rien à voir avec l’islam, il sera difficile de convaincre tous les Français. D’ailleurs, malgré les appels à la prudence, le CRIF a décidé d’annuler hier mercredi la marche commune avec les représentants de la communauté musulmane. « Nous avons estimé que les développements récents de la situation nous imposaient de renoncer à cette marche », a péniblement expliqué M. Moussaoui sur France Info.
Une nouvelle campagne
La candidate du Front National attendait de savoir si le tueur était un néo-nazi. Dès que l’information est tombée, Marine Le Pen a réclamé « une guerre » contre « des groupes politico-religieux fondamentalistes » qui, selon elle, « se développent face à un certain laxisme ». La candidate du FN va maintenant tenter de reprendre à son compte la portée de ces actes odieux.
Elle ne sera pas la seule. Si certains à gauche comme au centre (Joly, Bayrou) ont accusé le gouvernement d’avoir mis de l’huile sur le feu à force de monter les communautés les unes contre les autres, c’est bien la droite et l’extrême droite qui risquent de sortir renforcées de ce drame.
En effet, sécurité et terrorisme ont toujours été des thèmes de prédilection pour ces partis. À moins d’un mois de la présidentielle, « l’occasion est trop belle » pour ne pas en profiter.
Espérons que les Français arriveront à faire la différence entre un illuminé et une communauté qui respecte au quotidien les principes de la République.
Jonathan Ardines