Algérie. Les patrons pointent du doigt les faiblesses du climat des affaires

 Algérie. Les patrons pointent du doigt les faiblesses du climat des affaires

Les patrons des entreprises algériennes ne sont pas satisfaits du climat des affaires qui prévaut en Algérie. Photo archives AFP.


A l’instar des investisseurs étrangers, les patrons algériens ne sont pas satisfaits du climat des affaires qui prévaut en Algérie. Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) a estimé hier lundi, lors d’une rencontre tenue en son siège à Alger, que malgré les promesses des autorités de réunir les conditions d’épanouissement de l’entreprise, l’environnement n’est toujours pas favorable à l’acte d’investir. (Photo AFP)




 


Le constat d’un expert du FCE, Mouloud Hedir, est sans appel : les choses n’évoluent pas dans le bon sens, citant pour preuve l’indice pour la performance de l’entreprise algérienne, établi par le FCE, qui  n’a pas bougé depuis septembre de l’année dernière. « On est dans le statu quo », a déploré Redha Hamiani, le président du FCE.


Pire, l’expert du FCE a estimé que l’amélioration du climat des affaires en Algérie ne bénéfice pas d’ « une attention appropriée » de la part du gouvernement. Pour lui, ce climat est handicapé par 5 faiblesses.


La première est le déficit d’opérationnalité des politiques publiques. Il cite le cas du programme de la mise à niveau de 20 000 entreprises lancé en 2010 mais qui n’a pas donné ses fruits. « Le gouvernement a mis sur la table 5 milliards de dollars pour la mise à niveau des entreprises, il y a deux ans, dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. On est à mi-chemin et ce qui a été fait est insignifiant », a regretté M. Hedir.


De son côté, M. Hemiani a fait remarquer : « Plus la mise à niveau tardera à être mise en œuvre, plus on aura des producteurs qui se transformeront en importateurs ». Une mise en garde qui sonne comme une réplique au ministre algérien de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, qui, il y a quelques mois, a vertement critiqué les membres du FCE présentés comme de simples importateurs.


La deuxième faiblesse a trait à l’insensibilité des pouvoirs publics aux coûts et surcoûts. Mouloud Hedir a cité le cas du transport maritime de marchandises qui pénalise l’économie nationale. Il coûterait de 3 à 4 milliards de dollars chaque année et est nettement plus élevé (45% selon la banque mondiale) que chez les voisins marocains et tunisiens.


La troisième est liée à l’attentisme des autorités dans la prise de décision. Pour illustrer son propos, l’expert du FCE cite le retard enregistré dans l’entrée en service du nouveau système de paiement électronique. « Le système a été testé en 2007, mais la seule application fonctionnelle est le retrait d’argent de distributeurs automatiques », a-t-il relevé. Et M. Hamiani d’enfoncer le clou : « Sur 1,2 million de commerçants, seuls 30 000 sont équipés de terminaux de paiement électronique (TPE) ».


Quatrième point problématique, l’absence d’attention accordée par les autorités au respect de la légalité. M. Hedir donne l’exemple de la non mise en place du Conseil national de la concurrence pourtant créé en 1995 et du couloir vert, testé en 2001.


Enfin, la cinquième faiblesse consiste en la prédominance des débats idéologiques qui, de l’avis de l’expert du FCE, trahit un climat des affaires « sérieusement dégradé ». « Le mauvais climat des affaires fait perdre à l’Algérie 3 à 4 points de croissance par an », déplore Mouloud Hedir. Selon lui, cette situation est très préjudiciable à l’économie algérienne.


Yacine Ouchikh