Algérie. Flou sur le sort des diplomates algériens enlevés à Gao
Le sort du consul algérien, Boualem Sias, à Gao (Mali) et de 6 de ses collaborateurs, est toujours dans le flou. Les otages ont été enlevés samedi par le Mouvement unicité du djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), une faction dissidente d’Al Qaïda au Maghreb, qui n’a revendiqué le rapt que dimanche. (Photo AFP)
Après l’annonce de la libération des otages algériens hier dimanche par l’envoyée spécial d’El Watan à Gao, les choses se sont apparemment gâtées par la suite, au point de compromettre leur élargissement.
Emboîtant le pas à El Watan, le journal électronique Dernières nouvelles d’Algérie (DNA) avait confirmé l’information auprès du chargé des droits de l’Homme au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Moussa Ag Acharatoumane qui avait assuré que « les diplomates algériens ont été libérés sains et saufs ce dimanche par leurs ravisseurs».
Il avait même précisé que les otages ont été ramenés au consulat d’Algérie à Gao et qu’il avait pris part aux négociations qui ont permis la libération des diplomates algériens. Mais dans l’après-midi, c’est le coup de théâtre : se basant sur une source gouvernementale, le journal Liberté a annoncé sur son site que les otages n’ont pas été libérés.
« Le sort des sept diplomates algériens enlevés jeudi dernier à Gao, au Mali, est toujours inconnu. Des sources gouvernementales ont affirmé à Liberté que les otages sont toujours aux mains de leurs ravisseurs », a écrit la rédaction web de ce journal.
Le porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ham Ag Sid Ahmed, a confié aujourd’hui lundi au site Tout sur l’Algérie (TSA) que « les diplomates algériens ont été emmenés en dehors de cette région de Gao vers une destination inconnue, par les éléments du Mouvement pour le jihad et l’unité de l’Afrique de l’Ouest (Mujao) ».
« Les ravisseurs sont revenus avec leurs otages au siège du consulat d’Algérie de Gao samedi avant de le quitter ce dimanche pour une destination inconnue », précise-t-il. Autre détail donné par M. Ag Sid Ahmed : Mokhtar Belmokhtar, dit Al Aouar (le borgne), l’un des chefs d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), aurait rencontré des éléments du MUJAO au consulat d’Algérie à Gao.
Echec des négociations
Donnant plus de détails sur cette vraie fausse libération des diplomates algériens, le journal arabophone El Khabar a rapporté dans son édition d’aujourd’hui que, sous la pression d’Alger sur les différentes factions de l’Azawad, « des terroristes du mouvement de l’unification et du djihad en Afrique de l’ouest ont remis les diplomates algériens enlevés dans la région Azawad à des combattants du mouvement Ansar Eddine ».
Citant une source sécuritaire fiable, El Khabar a précisé que les ravisseurs des diplomates voulaient transporter ces derniers « par voie terrestre jusqu’à Tamanrasset pour les remettre aux autorités algériennes directement », alors que les négociateurs de la cellule de crise mise en place par le président de la république préféraient les acheminer « vers Bamako où se trouve l’ambassade d’Algérie, qui est une route plus sûre ».
« Des membres de la cellule de crise mise en place par le ministère des Affaires étrangères, la direction des renseignements et de la sécurité et le ministère de la défense ont pu s’entretenir au téléphone avec le consul algérien enlevé dans le territoire Azawad, après en avoir eu la permission par des combattants de la faction Azawad qui pourrait être un allié du mouvement Ansar Eddine (…) », ajoute encore El Khabar.
L’autre journal arabophone à grand titrage, Echourouk, a révélé dans son édition d’aujourd’hui que les négociations entre des notables de l’Azawad, l’ambassade d’Algérie à Bamako et des éléments du MUJAO ont capoté à cause de la rançon exigée par ces derniers.
Pour rappel, le MUJAO a été responsable de l’attentat qui a secoué la ville de Tamanrasset en février dernier.
Yacine Ouchikh