France. Mélenchon veut continuer le combat
À trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat du Front de gauche a tenu un dernier meeting jeudi Porte de Versailles. Devant une foule venue en masse, Jean-Luc Mélenchon a continué sur la voie de la « VIè République » pour le plus grand bonheur de ses partisans. (Photo AFP)
« Il est le seul à s’offusquer de la stigmatisation dont sont victimes les musulmans. De mon côté, c’est certain, il a gagné ma voix », annonce d’entrée de jeu Salima, mère de famille marocaine. Venue pour « le voir en vrai », cette Franco-Marocaine attend beaucoup de lui.
« On vient de vivre 5 années terribles avec Sarkozy ; même si Hollande ne me déplait pas, Mélenchon est le seul qui peut redresser le pays et rééquilibrer les choses », assure-t-elle. Ils sont nombreux à penser comme Salima en cette fin d’après-midi à Porte de Versailles. Il est 19h et les gens affluent par vagues, tout de rouge vêtus.
Sébastien est un vrai de vrai. Chapeau rouge sur la tête, écharpe assortie, badge du parti sur l’imper et sourire aux lèvres. « Vous voyez tout ce monde, c’est bien. Il faut être nombreux, le combat continue », nous dit-il.
Même si rien « n’est encore joué » selon lui pour le premier tour, il a comme beaucoup un objectif bien précis. « Il faut que Mélenchon soit devant Le Pen. Cela mettra fin à ce discours ridicule autour du halal et des horaires de piscine monté de toute pièce par Nicolas Le Pen et Marine Sarkozy ».
« Dégager Sarkozy »
« Il ne faut pas se tromper d’objectif », explique Salif, sympathisant de la première heure. « Il faut d’abord battre Sarkozy pour enrayer la logique d’une Europe de droite et ensuite, on arrivera au pouvoir », assure-t-il. Une jeune femme, un drapeau rouge à la main nous lance : « Il faut dégager Sarkozy ».
Quand Jean-Luc Mélenchon arrive sur scène, la salle est chauffée à blanc. Les drapeaux s’agitent sous les cris des « Président ! Président ! » qui font vibrer le hall du parc des expositions. « Vous entendez ces bruits », lance-t-il au public, « ce sont les rats qui quittent le navire ». La salle se met à frissonner de plaisir.
Après cette attaque en règle contre les « Amara, Lepage » et tous ceux qui se rallient à François Hollande au dernier moment, Jean-Luc Mélenchon attaque son adversaire honni : « Sarkozy-riquiqui ». « En chassant Sarkoy, nous n’allons pas seulement nous débarrasser de quelqu’un qui nous a pourri la vie, nous allons détruire l’axe Merkozy ».
« Vote utile pour contrer Marine Le Pen »
Devant 60 000 personnes, le leader du Front de Gauche s’en prend ensuite à Marine Le Pen. Il s’adresse aux indécis pour qu’ils « l’aident » à terminer devant le Front National. « Dans ce cas, vous ferez non seulement une bonne action pour votre pays, mais pour toute l’Europe », estime-t-il.
Pour Mélenchon, pas question de laisser « la droite se recomposer après la chute de Sarkozy ». « Aidez-nous à vaincre Le Pen, plutôt que de nous tirer dans le dos » demande-t-il aux médias. Crédité de 13 à 15% d’intentions de vote dans les sondages, Il continue de croire à un deuxième tour avec « deux candidats de gauche ».
Le candidat s’en prend ensuite à ceux qui veulent stigmatiser la communauté musulmane. Ceux qui voient des « fondamentalistes islamiques » partout. « En 2010 sur les 249 attaques terroristes répertoriés, 160 étaient l’œuvre de séparatistes », rappelle-t-il. Il revient sur la tragédie qui a eu lieu en Norvège. Le procès du tueur a lieu en ce moment. « Il est chrétien mais nous, nous ne dirons jamais que tous les chrétiens sont comme lui ». Tonnerre d’applaudissements dans la salle.
Mélenchon pense à l’avenir
« Vous entendrez de nouveau cette voix mièvre qui va vous dire de céder au vote utile en faveur de François Hollande », raille-t-il. Lui ne se prononcera pas et il moque les « éditocrates », les « cire-pompes », les « porteurs de sacoches » qui ont décidé de rallier le candidat PS.
Jean-Luc Mélenchon ne pense pas que la situation économique et sociale va s’améliorer dans les prochains mois et lance un appel à continuer le combat : « Sur vos postes de travail, dans les cités, c’est à vous de porter le programme du Front de gauche maintenant ».
Dans un stand, Nordine, jeune militant abonde dans ce sens. « Il faut déjà préparer la rentrée, il n’y a pas seulement les élections, il faut continuer après », assure-t-il avant de promettre : « Nous serons là tout le temps ».
Jonathan Ardines