France. ANNABA ou la culture pour tous
L’association ANNABA inaugure ce jeudi un espace artistique et culturel à l’école élémentaire « Mignonne » de Joué les Tours (Indre-et-Loire). Avec un double objectif, amener la culture dans les quartiers populaires et sensibiliser les enfants à la voie professionnelle.
« Jeune, je n’avais pas les codes. Je n’étais pas capable de décoder une peinture ou une musique. En faisant venir un artiste en résidence dans leur école, on leur donne ce moyen », explique Hayatt Archi, directrice et créatrice de l’association ANNABA.
Ce jeudi s’ouvre à l’école élémentaire « Mignonne », classée ZEP, de Joué les Tours un espace artistique et culturel. Ce lieu va permettre à des enfants issus de quartiers défavorisés de découvrir la culture par le biais de la danse, la musique, l’écriture ou la lecture. Un artiste va venir s’installer chaque année en résidence où il conduira un projet avec l’ensemble des élèves. « Ils auront accès à tous les domaines d’art. Il y aura un coin lecture, un autre pour l’informatique et le graphisme, un atelier de peinture », détaille Angélique Pege, administratrice de l’association.
Un nouveau pas de franchi pour cette association qui a déjà créé un atelier « danse-théâtre » pour 150 enfants issus des quartiers défavorisés.
« Créer les premiers repères professionnels »
Quand elle crée l’association en 1997, Hayatt décide de transmettre sa passion pour la danse orientale. Cette assistante de direction de formation change de cap et se tourne vers les enfants des quartiers populaires. Elle les initiera à la culture tout en valorisant leur travail.
Elle débute avec la création d’un conte qui relatera le raffinement de la danse orientale. « Ils ont écrit et mis en scène la pièce ensemble. Nous l’avons déposée légalement à la médiathèque pour que les autres enfants se rendent comptent de leur talent », raconte Hayatt.
En 2005, après avoir monté différents ateliers artistiques, l’association organise une rencontre dans les lycées professionnels du département. L’idée a de quoi séduire, « sensibiliser les enfants au monde professionnel » en mettant en place des échanges entre la primaire et les lycées.
« On se rendait compte qu’en 4e ou en 3e, on leur disait souvent que la voie professionnelle était celle de l’échec. Nous voulions revaloriser les lycées professionnels et leur donner les outils pour se faire une idée », justifie Angélique.
De nombreux enfants visitent des lycées professionnels. Ils y découvrent un métier. La menuiserie, la plomberie, la tapisserie, l’hôtellerie ou la photographie étaient au menu. « Il fallait créer des premiers repères professionnels », assure Angélique.
« Un bon moyen de révéler de grands talents »
Après cette première expérience concluante, l’association décide d’aller plus loin et de monter ce projet d’espace culturel. Depuis un an, un designer est en résidence pour s’occuper de la création du lieu en étroite collaboration avec les lycéens et les enfants. Tout a été préparé minutieusement pour le jour J. Une section de bac-pro secrétariat se charge du communiqué de presse, des élèves en photographie vont couvrir l’inauguration. Une classe va s’occuper de la section accueil, une autre de la tapisserie du lieu.
En septembre, c’est un auteur qui va venir y poser ses bagages. Il travaillera avec chacune des classes et l’ensemble du projet sera présenté en fin d’année. « Tous les parents viennent voir leurs enfants qui sont très fiers de ça », souligne Angélique.
Un bon moyen de révéler de grands talents. Une issue de secours aussi pour des enfants qui portent bien souvent sur leurs frêles épaules une partie des problèmes familiaux. « Par l’aspect ludique, on efface les différences, ça les motive souligne Hayatt, en les mettant en avant, ils oublient un peu leurs soucis ».
Ce beau projet pourrait bien se « pérenniser » comme le désire Hayatt si l’expérience se transforme en succès. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
Jonathan Ardines