France. Le retrait de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers : « Une urgence »

 France. Le retrait de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers : « Une urgence »

Geneviève Fioraso avec son prédécesseur Laurent Wauquiez lors de sa prise de fonction au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche le 17 mai. Pierre Verdy / AFP


Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’a annoncé ce lundi 21 mai : sa première mesure sera de demander le retrait de la « circulaire Guéant » concernant les étudiants étrangers. Daté du 31 mai 2011, ce texte avait suscité une levée de boucliers, tant chez les étudiants que chez les universitaires et les entreprises.


 


La politique du chiffre de Claude Guéant


Alors ministre de l’Intérieur du gouvernement Fillon, Claude Guéant avait signé cette circulaire au lendemain d’élections cantonales ayant vu une montée du Front national. Le texte demandait notamment aux préfets d’instruire « avec rigueur » les dossiers de changement de statut des étudiants en vue d’obtenir un titre de séjour leur permettant de travailler en France.


L’objectif affiché de cette circulaire était de réduire le nombre d’étrangers restant travailler en France à l’issue de leurs études. À un an d’échéances présidentielles et législatives compliquées pour l’UMP, il s’agissait de donner des gages aux électeurs d’extrême droite.


 


Une circulaire contestée par les étudiants, les universités et les patrons


Or, en restreignant fortement la possibilité pour les diplômés extra-communautaires de changer de statut, la « circulaire Guéant » a contraint de nombreux diplômés au départ pour ne pas rester illégalement sur le territoire national.


Parmi ceux-ci, certains avaient obtenu des promesses d’embauche de la part d’employeurs, mais n’avaient pu y donner suite sans l’obtention d’un statut de travailleur. Le patronat a d’ailleurs exprimé ses réserves quant à ces nouvelles restrictions et mis en avant les compétences qui risquaient d’être ainsi perdues.


De plus, les universités et les grandes écoles ont mis en garde le gouvernement contre le risque de rendre la France moins attirante pour les étudiants étrangers. Il en résulterait une perte de rayonnement pour les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises de l’Hexagone.


 


Le retrait de la circulaire : « une urgence en termes humains »


Certains de ces étudiants étrangers victimes de la « circulaire Guéant » se sont regroupés avec des étudiants français au sein du Collectif du 31 mai soutenu par plusieurs universitaires. Face à la contestation, le ministre de l’Intérieur a refusé de retirer le texte et a élaboré une circulaire complémentaire assouplissant en théorie les dispositions sans répondre aux attentes des étudiants.


L’abrogation de ce texte faisait partie des promesses de campagne du candidat socialiste. Hier lundi, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a donc annoncé que sa première mesure serait de demander le retrait de la « circulaire Guéant » sur les étudiants étrangers.


La ministre a déclaré qu’il s’agissait d’une « urgence en termes humains, mais aussi en termes de rayonnement et de partage de la connaissance » lors d’une conférence de presse tenue hier au siège du CNRS à Paris.


Rached Cherif

Mohamed C.