France. Jean-Marc Ayrault présente ses priorités sociales

 France. Jean-Marc Ayrault présente ses priorités sociales

Najat Vallaud-Belkacem


Jean-Marc Ayrault a fait des questions sociales une des priorités de son gouvernement. Le Premier ministre a notamment annoncé en conseil des ministres un décret « dans les trois semaines » concernant les retraites, ainsi qu’une « grande conférence sociale » avant le 14 juillet.


 


Bientôt un décret pour le retour à la retraite à 60 ans pour certains travailleurs


En effet, une semaine après son entrée en fonction, le nouveau chef du gouvernement a fixé ce mercredi 23 mai sa méthode de concertation avec les partenaires sociaux. Parmi les sujets à aborder, la modification de la réforme des retraites du gouvernement Fillon fait partie des principaux chantiers.


Le compte-rendu du conseil des ministres indique notamment qu’un décret verrait « très vite » le jour pour le retour à la retraite à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler tôt. Le premier ministre a souhaité que la réparation de cette « injustice » se fasse « dans les trois semaines », soit entre les deux tours des élections législatives.


Ce décret, préparé par Marisol Touraine, doit instaurer le droit de partir à la retraite à 60 ans à taux plein pour les salariés ayant cotisé 41 ans. Les périodes de chômage et de maladie pourraient « être prises en compte », ajoute le compte-rendu. Environ 100 000 personnes ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans sont concernées par cette mesure.


En réponse aux craintes exprimées concernant les coûts de cette mesure par la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, le Premier ministre a affirmé sa volonté de l’écouter tout en estimant qu’il ne fallait « pas dramatiser ». Le coût de cette mesure a été évalué par le gouvernement à un milliard d’euros et est déjà « financé », a précisé ce même document.


 


Une conférence sociale de plusieurs jours


Pour préparer la « grande conférence sociale » de juillet promise par François Hollande, le Premier ministre rencontrera le 29 mai les partenaires sociaux. Les cinq centrales syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), ainsi que les organisations patronales (Medef, CGPME, UPA), seront reçues par Jean-Marc Ayrault.


Ces rencontres préparatoires auront lieu en compagnie de trois autres ministres impliqués dans le dialogue social : Michel Sapin (Travail), Marylise Lebranchu (Fonction publique) et Marisol Touraine (Affaires sociales).


Pour Jean-Marc Ayrault, il ne sera pas question de « faire des shows, des sommets sociaux qui durent une heure ou deux, où chacun s’exprime, on repart et il ne se passe rien » en allusion aux nombreux sommets sociaux d’une journée du quinquennat de Nicolas Sarkozy.


Le chef de l’État ouvrira et clôturera cette grande conférence à l’Élysée, a précisé M. Ayrault. Celle-ci devrait durer plusieurs jours et portera sur l’emploi, la formation, les salaires, les retraites, les conditions de travail et le SMIC.


La porte-parole du gouvernement, Mme Vallaud-Belkacem, a ajouté lors d’un point presse que « La conférence sociale s’inscrira dans un processus continu tout au long du quinquennat, organisé autour de rencontres régulières ».


Sur la question du SMIC, le locataire de Matignon estime qu’il « faut des mesures de justice », même s’il affirme comprendre « les difficultés des entreprises ». La patronne des patrons craint de son côté le « décrochage » de la France dû à l’impossibilité pour les entreprises à supporter de nouvelles charges.


 


Une démarche vivement critiquée à droite


La méthode du chef du gouvernement a fait réagir les ténors de la droite sitôt ces mesures annoncées. Pour l’ancien Premier ministre François Raffarin, M. Ayrault « gouverne par décret », une démarche « typiquement socialiste ».


Invité de Guillaume Durand sur LCP aujourd’hui, le patron de l’UMP, Jean-François Copé, estime que François Hollande tente de « payer sa dette » à l’égard des syndicats, qui l’ont soutenu durant la campagne électorale.


L’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand a quant à lui mis en garde contre le coût de ces mesures annoncées avant les prochaines échéances électorales de juin. Pour lui, « la facture sera pour après les législatives ».


 


Rached Cherif