France Législatives. Razzy Hammadi, candidat PS dans la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis

 France Législatives. Razzy Hammadi, candidat PS dans la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis

« Si je suis élu


Candidat dans la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis, ce socialiste pur souche pourrait bien réaliser un coup d’éclat en récupérant le bien de Jean-Pierre Brard, député sortant. Fils d’un père algérien et d’une mère tunisienne, Razzy Hammadi revendique avec fierté ses origines, mais réfute l’étiquette de candidat de la diversité. Portrait.




 


Le 17 juin prochain, Razzy Hammadi sera peut-être l’un des rares candidats issus de la « diversité » à avoir réussi son pari. Alors que beaucoup ont été parachutés dans des circonscriptions perdues d’avance, lui se retrouve dans une circonscription gagnable.


Montreuil et Bagnolet ont pendant longtemps été des bastions communistes mais la municipale de 2008 a « changé la donne ». Après 24 ans de domination sans partage, Jean-Pierre Brard, député-maire s’inclinait face à Dominique Voynet.


Domicilié à Montreuil depuis 2009, Razzy se retrouve investi par le bureau national pour ces législatives. Face à Jean-Pierre Brard, il pourrait bien réussir un coup de maître.


 


« Mettre à mal le FN »


Né à Toulon en 1979 d’une mère tunisienne et d’un père Kabyle algérien, Razzy grandit dans le Var. De sensibilité de gauche « depuis tout jeune », il décide de s’engager un soir de 1995, quand sa ville tombe dans les griffes du Front National. Stages de citoyenneté, engagements collectifs, Razzy est sur tous les fronts pour mettre à mal le FN.


L’année suivante, son père s’éteint. Un moment très dur qui oblige ce fils aîné à prendre ses responsabilités. Après les cours, Razzy travaille comme serveur dans la restauration rapide pour aider sa mère et son petit frère.


Sa mère songe à rentrer en Tunisie. Il décide de prendre les devants. Son bac en poche, Razzy quitte Toulon pour Sfax où il intègre une école supérieure de commerce. « Je passais plus de temps avec l’union générale des étudiants tunisiens ». Il milite activement contre la réforme universitaire de Ben Ali. Comme tout le monde, il subit les foudres du régime malgré sa double nationalité. « Mon passeport français ne m’a protégé de rien en manifestation ».


 


Ascension fulgurante au PS


Cet événement lui fera prendre conscience de ce qu’il veut vraiment : « Je me sentais plus que jamais Français et fier des valeurs de la République ».


Il rentre sur la rade et intègre le Parti socialiste en 1998. Un choix par « défaut » pour celui qui se sent trop loin du PC et des Verts. En 4, 5 ans, avec les socialistes toulonnais, il développe des structures associatives, et réussit à créer des emplois associatifs. Beaucoup de jeunes s’impliquent et une belle dynamique se met en place.


En 2002, il prend le choc frontiste de plein fouet. Pour lui, « ce n’est pas un accident électoral ». II entre au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et en devient le président en 2003.


À côté, Razzy ne chôme pas. En plus d’un boulot de surveillant, il continue de travailler dans la restauration et décroche en même temps une maîtrise en économie haut la main. « Je ne me voyais pas faire carrière en politique ». Le parti lui propose d’être tête de liste pour les régionales. La Sorbonne l’accepte pour son 3ème cycle. Il choisira Paris. « J’avais un contrat moral avec ma mère, les études avant tout ».


 


« J’ai décidé d’arrêter la politique »


Installé dans la capitale, il rejoint le bureau national du MJS en 2003. Chargé des questions économiques et des activités internationales, il devient président de l’organisation en 2005. Il réalise un premier coup d’éclat en menant la mobilisation contre le contrat premier embauche (CPE) et fait vaciller le gouvernement Villepin.


Sous sa présidence, l’organisation passe de 3 000 à 10 000 adhérents en deux années. François Hollande, secrétaire national du Parti Socialiste à l’époque le repère et le nomme en 2008 secrétaire national du PS au service public. « Là, on m’a proposé d’être adjoint de Delanoë, de me présenter à Hénin-Beaumont, à Marseille ; j’ai manqué de lucidité et de discernement… ».


En 2008, il accepte d’être candidat à Orly (Val-de-Marne). Avec 5 ou 6 listes de gauche, le combat est perdu d’avance. Il termine loin derrière le maire sortant et le candidat PC : « J’ai alors décidé d’arrêter la politique ». Razzy rejoint un cabinet de conseil sur le logement durant 1 an et demi et réussi à créer sa propre agence de conseil en logement et habitat en 2009 à Montreuil.


Entre temps, son ami Benoît Hamon lui demande de rester, il accepte. Il lance dans la foulée la mobilisation contre la privatisation de la poste.


 


« Je resterai uniquement député pendant 5 ans »


Soutenu par François Hollande et Martine Aubry, Razzy Hammadi lance sa campagne en décembre dernier. Depuis, rien ne lui est épargné. « Dans certains boîtes aux lettres à consonances francophones dans des quartiers où le FN a fait un bon score, l’équipe du député sortant a déposé des tracts expliquant qu’il ne fallait pas d’arabes à l’assemblée ». Dur à avaler pour ce fils d’immigrés fier de ses origines. « On ne mène pas campagne comme ça à gauche… ».


Sur le terrain à longueur de temps, Razzy n’a qu’un objectif, la 7ème circonscription. « J’entends mon nom qui circule pour des postes dans un éventuel second gouvernement. Si je suis élu, je resterai uniquement député pendant 5 ans ».


Même s’il a reçu le soutien de la maire de Montreuil, Dominique Voynet, la partie s’annonce serrée avec le député sortant. « Il faut qu’on termine en tête au premier tour », lance-t-il, plein de détermination.


Jonathan Ardines