France. Le collectif contre le contrôle au faciès remet les pendules à l’heure

 France. Le collectif contre le contrôle au faciès remet les pendules à l’heure

Le collectif contre le contrôle au faciès rappelle que l’enjeu principal de son combat est de mieux vivre ensemble. Photo LCDA.


Réunis jeudi après-midi sur Paris, les membres du collectif ont tenu une conférence de presse pour revenir sur la polémique autour du reçu délivré lors du contrôle d’identité. Face aux fausses vérités lancées par l’UMP, le collectif a décidé de répondre.




 


« L’opposition essaye de faire croire que l’on veut éradiquer le contrôle d’identité, c’est faux ! On souhaite qu’il s’améliore », assure Axiom, membre du collectif contre le contrôle au faciès.


Créé pour mettre fin aux contrôles d’identités abusifs, souvent motivés « par l’origine ethnique », le collectif a déposé une plainte en avril dernier. Après avoir reçu plus de 600 textos qui dénonçaient des contrôles abusifs, ses membres avaient décidé de passer la vitesse supérieure. Le nouveau gouvernement leur a emboîté le pas.


Depuis l’élection de François Hollande, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a évoqué la possibilité de mettre en place un reçu du contrôle d’identité. La droite et le syndicat de police Alliance sont immédiatement montés au créneau.


 


Mettre fin aux idées reçues


« Le reçu du contrôle d’identité n’empêche pas un nouveau contrôle », explique Franco. Même principe que pour une contravention. Une amende reçue le matin n’empêchera pas d’en recevoir une deuxième pour un feu brûlé deux heures plus tard.


« Cela ne stigmatisera pas la police, au contraire, sa légitimité n’en sera que renforcée et cela mettra fin à la défiance qu’ont les citoyens envers les forces de l’ordre », affirme Axiom.


Troisième idée reçue combattue par le collectif : « Non, le reçu du contrôle ne mettra pas à mal l’autorité policière », déclare Franco. Pour cela, il s’appuie sur des statistiques qui nous viennent d’Espagne. Depuis la mise en place de ce système, l’efficacité des contrôles a été multipliée par 3 pendant que les contrôles au faciès étaient divisés par 3.


« Cela facilitera le lien police/citoyen. N’oublions pas qu’aujourd’hui seulement 5% des contrôles d’identité mènent à une interpellation », souligne Franco.


 


Un reçu inspiré du modèle anglais


Le collectif distribue un papier qui pourrait ressembler au reçu à l’avenir. Inspiré de ce qui se fait outre Manche, il présente deux volets. L’un sera remis à la personne contrôlée. Il comportera nom, prénom, motif et résultat du contrôle ainsi qu’une place pour que la personne contrôlée puisse noter ses observations éventuelles. La deuxième page, conservée par le policier, comportera les mêmes informations à l’exception de l’identité du contrôlé qui restera anonyme.


Le syndicat de police Alliance a déclaré que « si on ne veut pas recourir au critère ethnique, c’est qu’on ne peut pas prouver le contrôle au faciès ». Une remarque qui fait doucement rire Axiom : « ce sont eux qui mettent ça sur la table », s’étonne-t-il.


Manuel Valls a relancé le débat. Pour les membres du collectif, c’est une bonne chose, « on ne pourra plus revenir en arrière maintenant ». Malgré cela, ils restent méfiants : « Nous espérons que tout ceci n’est pas un effet d’annonce précédant les élections législatives ».


 


« Le reçu du contrôle seul serait dangereux »


Le collectif a été très clair depuis le début de sa campagne. Ils veulent un reçu lors du contrôle, ensuite une commission indépendante décidera en fonction de la plainte, puis une table ronde, avec à son bord des policiers, prendra la décision finale.


Pour le moment, la proposition du gouvernement ne satisfait personne, « se contenter du reçu du contrôle serait dangereux ». Pour le collectif, pas de cohérence sans commissions. « Les policiers pourraient trouver n’importe quel motif pour le reçu et rien ne changerait », souligne Axiom.


Déterminé, le collectif rappelle que l’enjeu principal de ce combat est « de mieux vivre ensemble ». Pas opposés à un test dans certaines zones comme le préconisent certains syndicats de police, ils attendent désormais l’invitation du gouvernement pour en discuter. « Dans une semaine, dans deux jours, peut-être tout à l’heure », sourient-ils.


Jonathan Ardines