France. Projet ambitieux pour les Français de l’étranger et les sociétés civiles d’Afrique du Nord

 France. Projet ambitieux pour les Français de l’étranger et les sociétés civiles d’Afrique du Nord

Le candidat socialiste Pouria Amirshahi (à gauche) en compagnie de sa suppléante Martine Vautrin Jedidi lors de leur conférence de presse à Tunis le 11 juin 2012. Photo Rached Cherif


Les résultats du premier tour des élections législatives montrent qu’une majorité des Français veulent donner une majorité au président élu le 6 mai dernier. Ce scrutin reste cependant entaché d’une participation de seulement 57,23 %, l’une des plus faibles pour des législatives sous la cinquième république.


 


Des résultats satisfaisants pour la gauche, mais une trop faible participation


C’est avec le sourire que le candidat socialiste pour la 9e circonscription de l’étranger, Pouria Amirshahi, et sa suppléante Martine Vautrin Jedidi ont tenu leur conférence de presse ce matin dans un hôtel de Tunis. Il y a en effet des raisons de se réjouir étant donné le résultat du premier tour qui place le candidat socialiste en tête avec 47,3 % des voix, loin devant l’UMP (24,82 %).


Ce bon score s’explique par une campagne de terrain intense. Le candidat et sa suppléante on fait fructifier un réel ancrage parmi les Français de la circonscription, loin des réseaux vieillissants sur lesquels a misé son adversaire de droite Khadija Doukali.


De plus, ils ont pu compter sur le ressentiment des binationaux (70 % du corps électoral), longtemps stigmatisés par la droite comme des citoyens de seconde classe. « Tous, quels que soient leur patronyme ou leur apparence, sont des Français à part entière », et chacun doit « assumer sa nationalité, même à l’étranger », a martelé M. Amirshahi.


Le candidat a cependant regretté la très faible participation (11,08 %), qu’il attribue à un faisceau de raisons. En premier lieu, la date du vote décalée par rapport à la métropole a selon lui généré une confusion chez les électeurs. De plus, le faible nombre de votants par internet par rapport à d’autres régions s’explique par des réseaux de télécommunication manquant parfois de fiabilité dans certains des 16 pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord composant la circonscription.


M. Amirshahi appelle donc les Français de l’étranger à se rendre plus nombreux dimanche prochain pour le second tour de l’élection. Une participation forte permettra selon lui de donner plus de poids aux représentants des Français de l’étranger et de pérenniser ces nouveaux sièges de députés. Il mise d’ailleurs sur la simultanéité des votes en métropole et à l’étranger pour relever significativement le nombre de votants.


 


Le changement a déjà commencé


Depuis sa prise de fonction le 15 mai dernier, le nouveau président a commencé à mettre en œuvre ses promesses, rappelle le candidat socialiste, citant notamment le retrait de la circulaire Guéant, la revalorisation de l’allocation de rentrée, la retraite à 60 ans pour certains travailleurs, etc.


En étant élu à l’Assemblée nationale, M. Amirshahi promet de porter d’autres projets de changement pour les Français de l’étranger. Parmi ses priorités figurent notamment l’amélioration de la qualité des services consulaires et surtout la réforme du système d’enseignement français à l’étranger, que les frais de scolarité rendent inaccessibles pour un certain nombre de ses compatriotes


Pour améliorer la situation, il suggère notamment une cotutelle des ministères des Affaires étrangères et de l’Éducation nationale pour l’agence gérant le réseau des écoles françaises dans le monde. L’Éducation nationale devrait notamment apporter des budgets et des personnels mieux formés pour une politique plus ambitieuse pour la francophonie.


Cette politique doit s’accompagner de mesures permettant une meilleure circulation entre les pays pour les universitaires et les étudiants. Ainsi, M. Amirshahi proposera d’accueillir plus d’étudiants tunisiens dans les universités françaises et des visas accordés plus facilement et pour de plus longues durées.


Autre chantier, celui de la sécurité sociale pour les Français de l’étranger. Pour Mme Vautrin Jedidi, les résidents hors de France devraient pouvoir bénéficier d’une extension de leur prise en charge dans le cadre d’une « solidarité nationale étendue ».


 


Appui à la société civile issue du Printemps arabe


Concernant la politique étrangère de la France dans le sud de la Méditerranée, M. Amirshahi entend faire des propositions concrètes à l’Assemblée nationale s’il est élu. L’une d’elles, portée à la fois par le Parti socialiste et l’ISIE, va se concrétiser dans les prochains jours.


En effet, une vingtaine de jeunes Tunisiens de tout le pays doivent se rendre en France pour assister au deuxième tour des législatives. Ils seront accueillis par des candidats en campagne et hébergés par de jeunes militants socialistes. Ces Tunisiens participeront ainsi à la campagne de terrain, au scrutin, au dépouillement et à la proclamation des résultats au siège du parti, rue de Solferino.


Outre cette première initiative visant à accompagner la démocratisation de la Tunisie, il est essentiel selon le candidat socialiste de mettre en place une coopération étroite entre les pays allant au-delà des simples relations diplomatiques. Il est notamment question de partenariats décentralisés entre des collectivités françaises et tunisiennes.


Plus largement, c’est aux sociétés civiles d’être en pointe en matière de coopération en portant leurs propres projets. Dans ce cadre, M. Amirshahi promet d’être « l’ambassadeur de la société civile » à l’assemblée.


 


Rached Cherif