France. Meeting du PS au Zénith de Paris
Une partie de l’état major du parti socialiste était réunie hier mercredi au Zénith de Paris pour un grand meeting avant le second tour des élections législatives. Dans la salle, des néo-militants et des vieux de la vieille ne parlaient que de l’affaire Royal/Trierweiler.
« Le changement, c’est maintenant, aucune usine ne doit fermer ! ». Devant l’entrée du Zénith de Paris, une centaine d’ouvriers CGT des usines PSA sont venus crier leur colère. « On attend un signe, Hollande nous a promis de nous recevoir durant la campagne, depuis qu’il est élu, c’est silence radio », nous explique Slimane, travailleur à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) menacée de fermeture. Sous une pluie de plus en plus soutenue, ils continuent à donner de la voix devant des militants PS qui affluent vers les portes de la salle.
À l’intérieur, l’ambiance est plus feutrée. Loin des effusions de joie des meetings de campagne, chacun prend place dans une salle aux trois quarts pleine. Devant la scène, Harlem Désir ou encore Benoît Hamon arrivent tout doucement. Une aubaine pour Rachid, militant depuis une semaine venu apercevoir les grands pontes du parti : « Il va y avoir Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault et même Bertrand Delanoë. Avec un peu de chance, je vais pouvoir faire une photo avec eux ».
L’affaire Trierweiler sur toutes les lèvres
« J’ai voté pour Hollande moi, pas pour Trier-quelque chose », s’agace un ancien militant accoudé à la rampe qui mène à la scène. « Déçu » par la prise de position « inadaptée » de la première dame en faveur du « dissident », François attend que son homonyme la recadre dans les plus brefs délais. « Si on continue comme ça, la droite va s’en donner à cœur joie ».
Rachid intervient : « C’est ridicule cette histoire, il ne faut pas y prêter attention. Les journalistes font le jeu de l’UMP en donnant du crédit à cette histoire privée ». Un conflit qui n’aurait jamais dû atterrir dans la sphère publique, estiment-ils. « Je trouve ça dégueulasse de la part de Trierweiler », lâche carrément Joseph, sympathisant de gauche.
Venu « tuer le temps », ce retraité se désole de cette affaire et de « ce manque de correction d’une personne qui n’est ni pacsée, ni mariée avec le président ». S’il comprend la position d’Olivier Falorni, « un homme du terroir implanté là bas », il a un pincement au cœur pour l’ancienne candidate du parti : « Dommage pour Ségolène, c’est une battante, elle ne méritait pas ça ». « Mais pourquoi être allée là-bas, s’interroge-t-il, c’est un peu comme Mélenchon à Hénin-Beaumont, je ne comprends pas ».
Avoir une majorité forte pour dimanche
« Je veux que François Hollande ait la majorité la plus large possible », assure Albert Gauzetre, militant socialiste. « Confiant pour dimanche », il espère une vague rose sur l’ensemble du territoire.
La salle continue de se remplir. Quelques drapeaux français flottent dans le Zénith, pas de quoi mettre une ambiance du tonnerre. Souad, jeune maman à la recherche d’un emploi, ne bouge pas d’un pouce sur sa chaise. Devenue militante depuis peu comme beaucoup, « c’est l’élection de François Hollande qui m’y a poussée », elle attend beaucoup de ce gouvernement. « On a tellement souffert pendant 5 ans…, souffle-t-elle, maintenant, on veut du vrai changement. Avec une majorité forte dimanche, ils devront faire tout ce qu’ils ont promis ».
Dans le fond de la salle, l’ambiance monte d’un cran. Les ouvriers de PSA ont réussi à entrer et se font entendre. « De l’argent, il y’en a dans les caisses de PSA, aucune usine ne doit fermer ! » reprennent-ils en chœur devant les caméras de télévision. Certains militants PS applaudissent tandis que d’autres préfèrent tourner la tête. Après quelques minutes, le service d’ordre renvoie tout le monde dehors. Le meeting va commencer.
« Refus de choisir de l’UMP, une faute grave »
« Mettez-vous là, plus haut les drapeaux. À 3, tous ensemble, tous ensemble, socialistes ». Un chauffeur de salle du parti dirige les jeunes du PS qui préparent une haie d’honneur pour l’arrivée de l’état major du parti.
Sous les acclamations, Jean-Marc Ayrault, Martine Aubry et Bertrand Delanoë arrivent bras dessus bras dessous. Le maire de Paris en appelle tout de suite à la mobilisation de chacun : « Allez chercher les abstentionnistes, nous avons besoin d’eux ».
Le Premier ministre se réjouit du score obtenu mais déplore l’attitude de l’UMP vis à vis du FN : « Dans les 9 circonscriptions où un candidat du FN est confronté à un candidat UMP, nous appelons à voter contre l’extrême-droite. Ce refus de choisir c’est une faute grave, où sont passées les valeurs du gaullisme ? ».
La première secrétaire du PS lui emboîte le pas pour attaquer cette droite du « ni-ni » avant de se réjouir de l’unité d’une gauche « qui, avec ses alliés, a donné un beau signe de démocratie ».
Bertrand Delanoë conclut en donnant rendez-vous dimanche pour la victoire de la « République ».
Jonathan Ardines