Négociations sociales dans l’impasse

 Négociations sociales dans l’impasse

Réunion du bureau exécutif de l’UGTT mardi 14 avril


« Les négociations entre le chef du gouvernement et le secrétaire général de l’UGTT n’ont pas été positives ». C’est à travers cet euphémisme que Sami Tahri, numéro 2 de la centrale syndicale, a pris acte le 14 avril de l’échec des négociations portant sur l’augmentation des salaires de la fonction publique.




 


« Ce que propose le gouvernement Essid équivaut à la valeur d’1 kilogramme de viande sur le marché aujourd’hui », a ironisé le cadre de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens.


Selon une source gouvernementale, l’UGTT réclame un peu plus de 70 dinars d’augmentations, soit autant que ce qui avait été accordé lors de la dernière augmentation significative, datant de l’année 2012. Tandis que le gouvernement ne proposerait que 40 dinars.


Sur ce problème de chiffres est venu se greffer un différend éthique. Selon la centrale syndicale, une promesse sur la base d’un « accord de principe » avait été faite par le gouvernement précédent, celui de Mehdi Jomâa, à propos de l’augmentation négociée actuellement avec plusieurs mois de retard. D’où la réaction de Tahri qui affirme que « le prestige de l’Etat réside dans sa capacité à honorer ses promesses ». Une pique en direction de Nidaa Tounes qui avait fait de la « restauration du prestige » un leitmotiv de campagne.


 


La spirale infernale des mouvements sociaux


Pour Habib Essid, fragilisé par les rumeurs de démission imminente sur fond de conflit avec son ministre des Affaires étrangères, un malheur n’arrive jamais seul : par effet d’émulation, les professeurs de l’enseignement supérieur ont mis à exécution mardi leurs menaces de grève générale pour les mêmes raisons et doléances.


Le même jour les étudiants de l’UGTE ont à leur tour annoncé par la voix de leur secrétaire général Rached Kahleni une grève générale ouverte « pour protester contre le timing de la grève des professeurs qui compromet la tenue des examens de fin d’année ».


Au sud du pays, la tension est également vive avec des grèves sporadiques et des barricades en réaction à ce que l’élu du Front Populaire Ammar Amroussia qualifie de « réponse sécuritaire aux problèmes de la région », suite aux heurts à Gafsa liés au secteur minier. Plusieurs dizaines de manifestants y ont en effet été condamnés à des peines de prison par contumace.


Selon le ministre des Finances Slim Chaker, la Tunisie a essuyé des pertes liées à la hausse record du dollar US (plus de 300 millions de dollars) supérieures à la plus-value en lien avec la baisse du cours du pétrole (253 millions de dollars). En crise structurelle, l’économie du pays ne pourra pas répondre à toutes les demandes sociales sans davantage d’endettement.


 


Seif Soudani